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 2008 - Procès Michel Fourniret

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MessageSujet: Re: 2008 - Procès Michel Fourniret   2008 - Procès Michel Fourniret - Page 2 Icon_minitimeVen 18 Avr - 18:32

Fourniret a tué Natacha, 13 ans, en sortant du tribunal


De notre envoyé spécialà Charleville-Mézières Stéphane Durand-Souffland 16/04/2008 | Mise à jour : 20:55 |
2008 - Procès Michel Fourniret - Page 2 53400810
Michel Fourniret invoque toujours des défauts de mémoire pour justifier son silence devant la cour.

La veille du meutre, le tueur en série et son épouse étaient devant le tribunal de Nantes pour avoir saccagé le domicile de l'ancien compagnon de Monique Olivier.

C'était le mercredi 21 novembre 1990. La veille, les époux Fourniret avaient comparu au tribunal de Nantes, qui les condamnera pour avoir saccagé le domicile de l'ancien compagnon de Monique Olivier. Sur le chemin du retour, Michel Fourniret remarque, sur le parking d'un supermarché de Rezé, «un beau petit sujet». Natacha Danais, 13 ans, sera martyrisée à l'arrière du fourgon C15 de l'homme qui, aujourd'hui reconnaît les faits et dont l'épouse, dans le box, admet s'être rendue complice. Natacha a été étranglée, après que M. Fourniret l'avait poignardée à l'aide d'un «poinçon à section cruciforme» enfoncé à deux reprises sous le sein gauche. Son corps a été déposé sur une plage, en Vendée.

Il s'agit du dernier crime pour lequel Monique Olivier est poursuivie ici. Les assises des Ardennes examineront, à partir de la semaine prochaine, des dossiers qui ne concernent que son mari. Le président Gilles Latapie, habilement, entreprend de questionner l'accusée : «Quels étaient vos sentiments, après le meurtre ?»

Mme Olivier, de moins en moins invertébrée au fil des jours : «Il y avait la peur de lui. J'aurais dû le dénoncer».

» Nous sommes en novembre 90. Il y a déjà eu quatre victimes…

» J'avais peur de ses réactions. Je n'ai pas pensé à le dénoncer… La lâcheté, encore… La peur est permanente, elle habite en soi. J'ai vécu avec jusqu'en juin 2003» ( date de l'arrestation de M. Fourniret, NDLR).

» Mais vous ne dénoncez votre mari qu'au bout d'un an !

» J'aurais dû le faire bien avant… J'avais peur pour notre fils. Il faisait beaucoup de mal dans ses paroles. J'aurais pu le dénoncer, mais la peur qu'il me retrouve s'il avait été relâché…

» Vous avez aussi déclaré : “J'avais peur de me retrouver seule avec notre fils, sans aucun moyen”. On a l'impression que la véritable peur, c'est ça.

» (Embarrassée) C'est un tout… C'est sûr que maintenant… Je voulais pas qu'il recommence, j'ai parlé pour qu'il reste en prison. C'était trop». À cet instant, le bâtonnier Hervé Dupuis déploie une stature qui ferait merveille au rugby, en troisième ligne. Le conseil de la famille Saison, en deux questions, démolit la stratégie de l'accusée.

Me Dupuis : «À cette époque, savez-vous où est caché le magot ?» (un stock d'or subtilisé au «gang des Postiches», et dont la cour reparlera ultérieurement).

Mme Olivier : «Ça n'a pas de rapport… euh… Je sais où il est, oui». Donc, elle pouvait s'enfuir avec l'enfant, l'argent, loin de l'homme qui lui faisait si peur.

Me Dupuis : «Le lendemain de l'arrestation de M. Fourniret, pour l'enlèvement de la petite Marie (nos éditions du 1er avril) vous déclarez, le 27 juin 2003 : “Je ne m'explique pas ce qui aurait pu le pousser à de tels actes. Je n'ai jamais rien perçu dans son comportement qui aurait pu m'indiquer qu'il avait de tels penchants”». (À partir de juin 2004, elle répétera avec constance qu'elle savait que son mari «partait en chasse», dans le but de violer puis de tuer de jeunes vierges).

L'accusée : «J'hésitais encore…

» Vous cherchiez à le couvrir ?

» Pas du tout.

» Admettez-vous avoir menti ?

» Euh… C'est pas un mensonge.

» Qu'est-ce que c'est, alors ?

» Euh… Je savais que si je parlais, j'allais être arrêtée.»

Retour brutal au pacte initial, signé par les deux époux, unis par une communauté de destin judiciaire. Monique Olivier se morfondait ; son «fauve», enfin, lui a donné accès à une vie excitante. Quand on vit si longtemps avec une peur à la hauteur des crimes auxquels on a participé, c'est qu'on l'a transformée en grisant frisson. À la voir se noyer aux assises, on comprend pourquoi l'ancienne garde-malade sauvée de l'ennui n'a jamais tenté de jouer les garde-fous.
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MessageSujet: Re: 2008 - Procès Michel Fourniret   2008 - Procès Michel Fourniret - Page 2 Icon_minitimeVen 18 Avr - 18:34

Fourniret face aux soupçons de viol post-mortem


De notre envoyé spécial à Charleville-Mézières Stéphane Durand-Souffland 17/04/2008 | Mise à jour : 18:14 |

Alors que les interrogations sur les circonstances terribles de la mort de la petite Natacha Danais se multiplient, le tueur présumé reste muet.

Une jurée pleure. Des proches de Natacha Danais, pris de nausée, se faufilent hors de la cour d'assises. L'une des spécificités du procès des époux Fourniret, c'est qu'on espère chaque jour avoir touché le fond. Or, le lendemain, la relation des faits entraîne le prétoire plus bas encore, comme si le box était une gueuse de fonte emportant l'assistance au-delà des abysses.

Il apparaît ce matin, à la lumière noire des débats, que Natacha, 13 ans, capturée sur le parking d'un supermarché de Rezé (Loire-Atlantique), a peut-être été violée après sa mort. C'est la troisième fois qu'un tel soupçon effleure les assises des Ardennes :

Fabienne et Jeanne-Marie, elles aussi, pourraient avoir subi des outrages post-mortem.

Dans le cas de Natacha, deux éléments renforcent la suspicion. Primo, le médecin légiste a constaté en certains endroits intimes du petit corps (1,48m...), des traces suspectes. Le Pr Rodat émet deux hypothèses : l'utilisation de tampons hygiéniques, ou une pénétration « alors que la victime n'était plus vivante ». La mère de Natacha est interrogée par Me Sabine Barz, conseil de la famille. Elle est formelle : « Natacha

n'avait eu ses règles que deux fois, et elle utilisait des serviettes. Je le sais parce que c'est moi qui les achetais ».

Secundo : lors de l'instruction, Michel Fourniret a déclaré qu'avant d'abandonner le cadavre sur une dune vendéenne, il a pris soin de le baigner dans l'océan pour éliminer les traces de souillure. Auparavant, il avait poignardé sa proie à trois reprises, avec un outil quelconque. Puis, comme la fillette se débattait encore, il l'avait étouffée en

plaquant contre sa bouche et son nez l'une de ses « grosses paluches », comme dirait Me Didier Seban.

L'avocat général Nachbar : « Comme Jeanne-Marie, vous l'avez violée alors qu'elle était morte ? »

La famille pleure doucement. L'accusé refuse de répondre.

L'avocat général : « Vous la tuez une deuxième fois, Fourniret ! Vous entendez sa famille ? Vous êtes un monstre pédophile » !

L'accusé : « Je ne réagirai pas ».

La famille : « Heureusement ! ».

C'est à cet instant que plusieurs personnes quittent la salle, écœurées. Michel Fourniret, pour autant, n'est pas un monstre. Il est bien pire que cela : un homme raté, qui fabrique à la chaîne des actes, des images, des mots, des silences, odieux. Une sorte de pellicule dont, au développement, on ne pourrait tirer qu'un négatif. Pourquoi la tentation de transformer certains criminels en créatures surnaturelles est-elle si forte qu'elle contamine même des magistrats ? La justice est-elle faite pour amplifier la voix de la meute qui gronde aux marches du palais ?

L'audience se poursuit avec des questions adressées à Monique Olivier, laquelle, au bâtonnier Dupuis, affirme, pleine d'aplomb, qu'entre elle et son mari, « il n'y a jamais eu de pacte ».

Le jeune avocat général Xavier Lenoir, qui épaule, au ministère public, le dresseur de « monstre », place alors une intervention tranchante, remettant l'accusation à son juste niveau. A Mme Olivier, qui répète à l'envi qu'elle était terrorisée par M. Fourniret : « Le 24 juin 1991, vous lui écrivez, alors qu'il est incarcéré depuis la veille à Verdun, pour une autre agression : « J'espère que tu seras bientôt auprès de nous ». Le 25 juin, dans une nouvelle lettre : « Je donnerais cher pour te faire sortir de ta « résidence d'été » ». Et encore : « Tu es un petit taulard très attachant ».

Monique Olivier, soudain bégayante, séparant ses bribes de phrases d'étranges aspirations, comme si elle sirotait un thé brûlant : « Il allait ressortir... La peur est là... »

En début d'après-midi, Michel Fourniret regagne sa place avec une mine de papier mâché. Les traits creusés, plus gris que son pull, il peine visiblement à rester muet face au soupçon de viol post-mortem. Me Pierre Blocquaux qui, depuis le premier jour, assume son rôle difficile avec une dignité exemplaire, sollicite cinq minutes de suspension pour qu'il puisse, avec ses deux confrères, s'entretenir avec leur client. Lorsqu'ils reviennent, c'est au tour de Me Barz de s'isoler brièvement avec la famille Danais. Chacun comprend que l'accusé, à nouveau, réclame le huis clos. Réponse cinglante du camp des victimes : c'est non. L'Ardennais, qui avait reconnu n'avoir « pas de grandes révélations à faire », devient livide.

Le président Latapie embraye. Parfaitement dans son rôle, d'une grande justesse psychologique, il tente de raisonner l'entêté pathétique dont les réponses paraissent à présent de moins en moins sensées. Il ne parlera pas -pas aujourd'hui, en tout cas. Faut-il encore attendre, de cet homme qui tue des enfants, un sursaut de courage à l'heure du jugement ?
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MessageSujet: Re: 2008 - Procès Michel Fourniret   2008 - Procès Michel Fourniret - Page 2 Icon_minitimeSam 19 Avr - 21:38

«J'ai essayé de placer Fourniret face à ses actes»


Propos recueillis par Laurence de Charette, avec A. B 17/04/2008 | Mise à jour : 21:51 |
2008 - Procès Michel Fourniret - Page 2 E5e64510
«Je n'avais jamais imaginé des faits semblables à ceux qui sont révélés à chaque audience», confie Me Paul Lombard.

Après deux jours passés au procès de Michel Fourniret, l'avocat confie ses impressions.

Me Paul Lombard est l'avocat du père d'Élisabeth Brichet, 12 ans, la plus jeune des victimes du couple Fourniret. Aux assises des Ardennes, il a tenté de faire sortir l'accusé de son mutisme. En vain, malgré sa brillante expérience de pénaliste.

LE FIGARO. Vous avez tenté, vous aussi, de briser le silence de Fourniret. Vous qui avez l'expérience de nombreux procès d'assises, que vous inspire la personnalité de l'accusé auquel vous avez fait face lundi et mardi derniers ?

Me Paul LOMBARD. Je n'ai pas le droit d'humilier ou d'insulter un accusé quels que soient les sentiments qu'il m'inspire. La loi française permet à un accusé de mentir et de se taire… Monsieur Fourniret n'a pas le courage de ses actes, et se cache derrière des arguties de procé­dure. Il se réfugie derrière cette demande de huis clos que les ­fa­milles lui refusent à juste titre.

Je n'ai pas tenté cette semaine de faire parler Fourniret je savais que je n'y parviendrais pas mais de le mettre en face de ses actes. À deux reprises, j'ai eu l'impression que le mur du silence était fissuré, et qu'il était prêt à saisir la seule chance qu'il pouvait avoir d'es­sayer de faire comprendre comment un homme peut cesser d'être un homme. Malheureusement, il n'a pas saisi cette chance de sauver, peut-être, une parcelle de son âme. Décidément, il aura tout raté sauf ses crimes. Je souhaite qu'il mé­dite cela et qu'il donne aux fa­milles d'ici la fin du procès l'ultime satisfaction à laquelle elles ont droit. Mais je ne suis pas optimiste.

Et Monique Olivier…
Il est exceptionnel de trouver dans les annales de la justice un couple uni par un semblable ­pacte criminel qui existe à l'évidence. Je considère que Monique Olivier a trahi à plusieurs reprises sa condition féminine, notamment lorsqu'elle réalise la toilette intime d'une victime pour Fourniret. Toutes les femmes de France auraient vocation à se porter parties civiles…

Chaque jour de ce procès met en lumière l'insoutenable. Aviez-vous rencontré, auparavant, des criminels d'une telle nature ?

Je ne veux pas influencer la cour d'assise par ma réponse. Mais ce que je peux dire, c'est que même dans mes rêves les plus noirs, au terme d'une longue carrière, je n'avais jamais imaginé des faits semblables à ceux qui sont révélés à chaque audience. À travers les siècles, dans l'histoire des hommes, surgissent parfois des êtres noirs qui risquent de vous faire douter de l'humanité.

Au-delà de ces deux accusés figés dans le box, la vraie question que l'on se pose en effet est « faut-il désespérer de l'homme ? ».

En face de l'horreur toutefois, la dignité des parties civiles est saisissante. Pas une fois je n'ai entendu, comme si souvent au cours des assises, des cris, des anathèmes. Le procès qui se déroule actuellement à Charleville-Mézières est en réalité un procès exemplaire, et je n'ai pas l'impression qu'il soit suffisamment perçu comme tel.

En quoi ce procès est-il exemplaire ?
La personnalité de l'accusé occulte sans doute l'intérêt profond de ce procès d'assises, différent des autres par le rôle exemplaire joué par chacun des participants. Trop souvent, no­tamment, le rôle des parties civiles est mal compris. Ici il apparaît en pleine lumière : les parties civiles collaborent avec la cour d'assises afin de ne laisser aucun détail dans l'ombre. Devant l'atrocité des faits personne ne cède à la facilité, ne tente de briller au détriment de la sérénité des débats. La justice pénale ne sera plus jamais comme avant après le procès de Charleville-Mézières. Cela montre que la reforme de la justice passe avant tout par des changements de mentalité.

Vous avez également été frappé par la diffusion des aveux des Fourniret enregistrés par la justice belge ?
Oui, ce procès a une autre particularité, il est européen. J'étais réservé sur l'enregistrement des aveux. Je suis désormais convaincu qu'il s'agit d'un apport considérable fait à la manifestation de la vérité. C'est bon pour les magistrats et les policiers, qui ne seront plus soupçonnés de faire pression, c'est bon même pour la défense on a vu ici pour la première fois Fourniret pleurer mais sur quoi pleurait-il…
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MessageSujet: Re: 2008 - Procès Michel Fourniret   2008 - Procès Michel Fourniret - Page 2 Icon_minitimeMar 22 Avr - 15:25

Au procès Fourniret, la terreur permanente d'une victime


De notre envoyée spéciale Anne-Charlotte De Langhe 22/04/2008 | Mise à jour : 00:05 |

Joëlle Parfondry avait été agressée alors qu'elle s'apprêtait à fermer son salon de toilettage pour chiens.

Dans leur jargon, les psychiatres appellent cela «le syndrome du survivant». Le terme résonne fréquemment dans les cours d'assises ; ce fut le cas pour la première fois hier, au procès de Michel Fourniret. Joëlle Parfondry, frange blonde surplombant un nez droit, silhouette d'une minceur extrême, souffre depuis treize de s'en être sortie. D'avoir, comme l'affirme son époux, «gagné son combat contre un monstre». Le 19 janvier 1995, à Jambes (Belgique), Michel Fourniret passe à l'acte en ayant tout prévu : la cagoule à trois trous achetée par Monique Olivier, le ceinturon de cuir, la paire de menottes et le revolver de gros calibre. L'accoutrement a quelque chose d'imparfait (il porte un pantalon de survêtement bleu ciel) mais la quête est invariable : trouver une vierge. Au moment de la fermeture des magasins, et après avoir pris soin de garer son véhicule à une distance raisonnable, Fourniret fait donc irruption dans le salon de toilettage pour chiens dont Joëlle Parfondry est propriétaire. La jeune femme, 24 ans à l'époque, croit elle-même à «une blague». Très vite, pourtant, elle est priée de s'allonger sur le sol, puis d'ôter ses vêtements. Les mains attachées dans le dos, le canon de l'arme enfoncée sur sa joue, elle est soumise à un bref interrogatoire. «Tu es mariée ?», «Ton mari, il est gentil avec toi ?», lui demande l'inconnu, peu convaincant dans le rôle du gangster en ­fuite.


«Un petit plaisir»



Fourniret la prie ensuite de répéter : «Monsieur, je veux que tu me fasses un petit plaisir». Téméraire, mais surtout bien plus ins­pirée que son agresseur, Joëlle Parfondry finit par prétendre une grossesse naissante, dans le seul but d'être épargnée. Le «fantasme» de Michel Fourniret aurait alors volé en éclats, faisant perdre tous ses moyens à l'intéressé. Maladroitement, il s'emparera des papiers, chéquier et cartes bancaires de sa victime, non sans avoir tenté en vain là encore de lui enfoncer une mandarine dans la bouche… Joëlle Parfondry, elle, mettra deux ans et demi avant de pouvoir sortir seule. Aujourd'hui encore, cette mère de deux enfants ne supporte le crépuscule que toutes lumières allumées dans la maison.

Les conseils des parties civiles ont finalement cherché à comprendre, hier, par quelle sordide alchimie Monique Olivier avait pu, sans broncher, prêter l'oreille au récit de son mari. S'il ose à peine imaginer la scène, Me Gérard Chemla la dessine mentalement dans la cuisine du couple diabolique. «Lorsqu'il est rentré ce soir-là, comment Michel Fourniret vous a-t-il raconté ce qu'il venait de faire ?» «M'a expliqué ça comme ça, en me disant qu'il n'avait pas insisté parce qu'elle était enceinte. Sachant que je n'approuvais pas, il faisait exprès de m'en parler. C'était pour m'embêter.»

Le président Gilles Latapie s'est une nouvelle fois efforcé de faire parler l'autre occupant du box. Outre quelques hochements de tête, le magistrat n'aura eu droit de la part de Fourniret qu'à une promesse trop fade : «Si j'étais de nouveau auditionné, mes déclarations ne seraient pas différentes.»
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MessageSujet: Re: 2008 - Procès Michel Fourniret   2008 - Procès Michel Fourniret - Page 2 Icon_minitimeMer 30 Avr - 12:27

Quand Fourniret s'expliquait sur sa «chasse aux vierges»


De notre envoyée spécialeà Charleville-Mézières (Ardennes) Anne-Charlotte De Langhe 22/04/2008 | Mise à jour : 21:13 |
2008 - Procès Michel Fourniret - Page 2 E596b710
La salle d'audience où se déroule le procès de Michel Fourniret et Monique Olivier.

Devant le mutisme de l'accusé, la cour d'assises a autorisé la diffusion de ses aveux enregistrés en 2004 par la police belge.

Douze minutes, même avec quelques secondes en plus, ne suffisent jamais dans un procès où l'accusé se tait. Aussi est-ce nappée du silence le plus total que la cour d'assises des Ardennes a visionné, mardi , l'édifiant extrait d'une audition filmée de Michel Fourniret, décidément plus disert sous l'œil d'une caméra que sous celui de ses juges. Tournée le 15 juillet 2004 dans les locaux de la police de Namur, la scène s'apparente à une dissection : celle faite par Michel Fourniret de sa «chasse aux vierges», quête éperdue d'un Graal fantasmé.

Sur cette bande-vidéo, l'enquêteur apparaît de dos, le suspect de face. Assis dans l'angle d'une pièce aux murs gris, l'Ardennais au pull bleu électrique se tourne les pouces. Et raconte. «Auparavant, je n'avais pas eu de problèmes. Je n'avais pas eu besoin d'agresser quelqu'un pour obtenir sa virginité. C'est après le mariage [avec Monique Olivier, NDLR] que ça a pris des proportions…»«Déçu» et «frustré» de n'avoir pu lui-même déflorer son épouse, Michel Fourniret aurait alors vécu «hanté…, hanté…, hanté…» par l'envie de «posséder un symbole».

Pourtant, admet-il, «ce n'est pas si simple». Un peu perdu, le policier belge en convient et tend l'oreille de plus belle. «Il y a une certitude, reconnaît Michel Fourniret, c'est l'inanité de cette quête.»

«Un corps à posséder»

Aux yeux de l'intéressé, «la partie concrète, qui n'est faite que de chair, ne pourrait rien apporter de beau». Alors autant «forcer [sa] raison à dire que ce n'est que le corps, un corps à posséder». Autant «perforer cette membrane» afin de «réaliser la rencontre avec ce symbole». Habilement lancé sur la voie des aveux, l'enquêteur demande alors à Fourniret si celui-ci a déjà éprouvé le besoin d'immortaliser par la photo ou la vidéo ses passages à l'acte. Réponse négative.

«C'est dans ma tête. […] C'est quelque chose de trop secret», confie-t-il, non sans avoir jeté l'opprobre sur «la perversité et la vulgarité des gens qui recourent à ce genre de moyens». Pour lui, pas question de «voyeurisme» ; même «une pellicule ne serait pas digne d'emmagasiner ça». Aussi Michel Fourniret préfère-t-il compter sur sa «détermination», conscient de n'être pas du genre à «faire les choses à moitié». Reste que son funeste face-à-face avec la petite Élisabeth Brichet l'aurait, dit-il, «désarmé». «On ne peut pas vouloir une partie du corps de quelqu'un, et uniquement une partie. Il y a le visage, aussi.»

Onze minutes ont passé. À l'image, Michel Fourniret se gratte le crâne, soupire, se mouche, pleure. Dans le box, son double vivant a, par moments, gardé la tête tournée vers l'écran. Un détail qui n'aura pas échappé aux parties civiles, mais que l'accusé réfute. «Mentalement, j'avais les yeux fermés», soutient-il. Puis, avec un calme et une lenteur défiant toute concurrence, Michel Fourniret coupe son micro. Et reprend sa place de mutique.
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MessageSujet: Re: 2008 - Procès Michel Fourniret   2008 - Procès Michel Fourniret - Page 2 Icon_minitimeMer 30 Avr - 12:34

Fourniret : le face-à-face avec le père de Céline


De notre envoyée spéciale à Charleville-Mézières Anne-Charlotte De Langhe 23/04/2008 | Mise à jour : 21:02 |
2008 - Procès Michel Fourniret - Page 2 85824310
«J'ai tellement de haine que, si la vie me le permet, j'irai cracher sur votre tombe», a lancé mercredi Jean-Pierre Saison au bourreau de son enfant, assassinée le 16 mai 2000.

Sa fille sortait du lycée, elle a été séquestrée, violée et laissée morte sur un chemin forestier.

Jean-Pierre Saison voulait se donner le temps de ce face-à-face. Le 16 mai 2000, sa fille était enlevée à Charleville par Michel Fourniret. Séquestrée sur le plancher d'un fourgon, violée, menacée de voir son visage aspergé d'acide, étranglée, puis laissée morte en baskets et corsaire près d'un chemin forestier. L'après-midi même, la timide lycéenne avait planché sur son bac blanc de philosophie. Sujet : «Y a-t-il une servitude volontaire ?». Tourné tout entier vers le box, la voix ferme mais dénuée d'agressivité, le père de la victime s'adresse à l'accusé. «À travers mon regard, vous verrez peut-être celui de Céline, espère-t-il. Ne fermez pas les yeux, Monsieur Fourniret. Vous ne les avez pas fermés quand vous l'avez assassinée, par-derrière, avec une corde» .

Fourniret, bras croisés, paraît interloqué. En silence, Jean-Pierre Saison fixe durablement le bourreau de son enfant. Et lui lance, debout aux côtés de son épouse éteinte par le chagrin : «J'ai tellement de haine que, si la vie me le permet, j'irai cracher sur votre tombe». Le jour de la disparition de leur fille, volatilisée à la sortie de son lycée, Maryline et Jean-Pierre Saison ont d'abord refusé d'imaginer le pire. «On pense à tout mais pas à l'horreur» , confie M. Saison à la cour, entrée lundi dans la dernière ligne droite du parcours sanglant de l'Ardennais. Les premiers temps, on rameute les voisins et leur bonne volonté, on fait abaisser le niveau de la Meuse pour chercher plus avant, on laisse au cas où «la clé sous le paillasson».

«L'air satisfait et fier de lui»

Le 22 juillet de la même année, l'espoir n'est finalement plus permis. La gendarmerie belge met au jour les restes du corps de Céline. Éparpillés entre sapins et bosquets, les ossements sont retrouvés dans un bois de Sugny, à la frontière franco-belge. Quatre ans plus tard, Monique Olivier passe aux aveux. À son tour, Michel Fourniret relate comment, ce 16 mai 2000, il est «parti à l'aventure». Venu dérober un pare-chocs sur un parking de Charleville, il aperçoit Céline, brune aux cheveux courts, l'air sérieux. Prétextant chercher une adresse, il la convainc de monter à bord de son véhicule ; il verrouille les portes après quelques kilomètres ; la fait se déshabiller ; la supplie de demander poliment si elle peut lui pratiquer une fellation.

Il l'étrangle dans la foulée ou presque. «Elle est morte le visage boursouflé» , précisera Fourniret lors de son audition. Monique Olivier feint mollement de ne plus s'en souvenir, mais le soir des faits son homme revient «l'air satisfait et fier de lui» . Le couple se livre alors à une exploration sordide : celle du sac à dos de Céline, précieusement gardé. Dans la salle à manger, curieux, on sort un à un le classeur, le parapluie, les photos souvenirs de la gamine. On la désigne, rayonnante, sur les clichés pris lors d'un voyage scolaire aux États-Unis. Pas de doute, relève Me Hervé Dupuis : «Quand le chasseur rentre à la maison, qu'il pose le trophée sur la table, il a aussi plaisir à raconter sa journée» .
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MessageSujet: Re: 2008 - Procès Michel Fourniret   2008 - Procès Michel Fourniret - Page 2 Icon_minitimeMer 30 Avr - 12:37

Les larmes de Monique Olivier


A.-C. D. L 25/04/2008 |
2008 - Procès Michel Fourniret - Page 2 77835c11
Tremblante, Monique Olivier, jugée pour complicité au côté de Michel Fourniret, a refusé jeudi de prendre la parole. Crédits photo : Le Figaro

La cour d'assises des Ardennes s'est laissé surprendre, jeudi, par l'émotion de Monique Olivier. Tandis que le médecin légiste commençait à exposer ses conclusions concernant la mort de Céline Saison, assassinée en 2000, la complice présumée de Michel Fourniret a fondu en larmes. Tremblante, elle a refusé de prendre la parole. «Depuis un mois, on entend des choses abominables, a relevé Me Gérard Chemla, avocat de plusieurs parties civiles. Je veux comprendre pourquoi elle pleure.» Volant à la rescousse de sa cliente, l'avocat de Monique Olivier a simplement souligné qu'il ne fallait pas «se fier aux apparences». «Il faut aussi concevoir que c'est difficile d'être jugé, a indiqué à la cour Me Jean-Paul Delgenès. Il lui arrive de craquer, c'est le cas aujourd'hui.» Longuement questionné par le président Latapie, Michel Fourniret a quant à lui reconnu «sous l'angle juridique» le viol de Céline Saison, qu'il avait nié à l'audience le jour précédent.
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MessageSujet: Re: 2008 - Procès Michel Fourniret   2008 - Procès Michel Fourniret - Page 2 Icon_minitimeMer 30 Avr - 12:40

Ce rapt déjoué que Fourniret refuse d'assumer


De notre envoyé spécial à Charleville-Mézières Stéphane Durand-Souffland 28/04/2008 | Mise à jour : 20:56 |

Sandra, alors âgée de 14 ans, avait réussi à échapper aux odieux stratagèmes de l'accusé.

Cette équipée minable à la gare de Gedinne, dans la région de Dinant, Michel Fourniret refuse de l'assumer. Le samedi 12 février 2002, Sandra N., 14 ans, déposée par son père, attend son train matinal. Un homme l'aborde «très gentil, sympa», et lui demande si elle n'aurait pas vu «une petite fille de 6 ans» qui se promènerait toute seule en ces lieux, à cette heure. La réponse est négative, évidemment.

Puis, il lui offre 10.000 francs belges (250 euros) si elle accepte de l'accompagner. Refus logique. De manière totalement surréaliste, l'individu propose dans la foulée à la jeune fille un emploi dans une boulangerie. C'est non, bien sûr. Sandra a aujourd'hui 22 ans, elle est enceinte de son ami Sébastien, agenouillé auprès d'elle comme un chevalier d'autrefois, un paquet de mouchoirs en papier à la main pour sa belle qui a fondu en larmes à peine arrivée au micro. «Il m'a attrapé le bras avec un regard méchant, en fronçant les sourcils, comme si on n'avait pas le droit de lui refuser quoi que ce soit», déclare la jeune femme qui, en raison de son état, a été invitée par le président Latapie à s'asseoir.

Selon son récit, elle s'était dégagée de la poigne de fer pour sauter dans son train providentiel. Une photo d'époque est projetée : Sandra, ravissante, ressemble à l'actrice Liv Tyler. Surtout, avec ses longs cheveux noirs, elle correspond au portrait-robot des jeunes vierges que convoitait Fourniret, à la recherche d'évocations juvéniles de Monique Olivier… Sandra N. affirme n'avoir reconnu son agresseur qu'en 2003, découvrant son visage au journal télévisé.

Singulièrement grognon

L'Ardennais, donc, nie être l'auteur de cette piteuse tentative de rapt. Il est singulièrement grognon, aujourd'hui, tête inclinée sur le côté, balayant de la dextre sa petite table de travail comme s'il voulait en ôter des grains de poussière imaginaires. Puisqu'il ne dit rien d'intéressant, on regarde ses gros doigts, madriers miniatures au milieu desquels le stylo qu'il malmène pour prendre des notes que personne ne lira n'apparaît pas plus gros qu'une brindille. On contemple ses mains, et l'on pense à ce qu'elles ont fait, et l'on se dit que ces horreurs-là, consommées jusqu'à la mort de ses proies, il les avoue sans nulle gêne, et l'on se dit encore que, quand Monique ¬Olivier était à ses côtés, avec son gros ventre de future mère ou son bébé vagissant dans un couffin, les adolescentes montaient dans le fourgon sans qu'il soit besoin de leur promettre de l'argent ou un tablier de mitron.

À l'instruction, Michel ¬Fourniret avait parlé de «la jeune Sandra, que j'ai abordée à la gare de Gedinne». Mais, non content de nier les charges, il s'était employé à salir l'adolescente, parlant de lui à la troisième personne : «Le cinéma belge… Une tentative d'appropriation de la qualité de victime depuis que Michel Fourniret est passé aux médias. Cette Sandra, je lui cracherais au visage!»
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MessageSujet: Re: 2008 - Procès Michel Fourniret   2008 - Procès Michel Fourniret - Page 2 Icon_minitimeMer 30 Avr - 12:42

Le souvenir de Mananya au procès Fourniret


De notre envoyé spécial à Charleville-Mézières Stéphane Durand-Souffland 29/04/2008 | Mise à jour : 20:28 |
2008 - Procès Michel Fourniret - Page 2 7f4ceb10
Kanyarat Thumpong, la mère de Mananya Thumpong, une adolescente de 13 ans que le tueur en série présumé Michel Fourniret a reconnu avoir enlevée et tuée en 2001. Crédits photo : AFP

Un proche de cette adolescente, assassinée en 2001, a très dignement interpellé l'accusé, mardi.

Une fois de plus, les assises des Ardennes chavirent d'émotion. Au micro, Brice Longhini évoque Mananya Thumpong, 13 ans, née en Thaïlande, enlevée à Sedan, violée et assassinée par Michel Fourniret (qui ne nie que le viol) le 5 mai 2001. M. Longhini était alors le compagnon de sa mère. Depuis, «les années ont passé, on s'est mariés, on a divorcé, un peu dans la précipitation, le dépit, le souvenir»…

Petit et rond, costume sombre, chemise saumon à col blanc agrémentée d'une cravate bordeaux, bottines à fermeture Éclair, il s'adresse d'une voix douce, quasi céleste, à l'Ardennais : «Merci de vous être tu. Surtout, ne vous levez pas : votre vraie hauteur, c'est celle-là. Merci de ne pas avoir ajouté à la cruauté de vos actes, la cruauté de vos paroles.» Les larmes inondent la cour. Le président Latapie, le premier, reprend son souffle et ordonne une suspension en promettant à l'orateur : «Nous nous souviendrons de vous pendant très longtemps.»

Auparavant, M. Longhini avait expliqué pourquoi tout le monde appelait Mananya «Eyes» : «En Thaïlande, on se dépêche de donner un surnom aux enfants, pour que les mauvais esprits ne connaissent pas leur vrai prénom… En gros, pour qu'ils leur foutent la paix.» On sourit, mais pas longtemps car il enchaîne sur le destin brisé de la fillette, arrivée en France avec sa sœur au printemps 1994 et première de sa classe dès la rentrée suivante, qui rêvait de devenir hôtesse de l'air. «J'avais fait faire un poster de 2,50 m sur 1,20 m, vous imaginez… La photo est toujours à la maison, la petite n'y est plus. Longtemps, on a rêvé de vengeance. Aujourd'hui, on rêve de justice.»

Il critique aussi la mollesse de la police, qui, selon lui, n'a pas fait preuve d'un zèle extrême pendant le long week-end du 8 mai 2001 : «Le 6 mai, ce n'était apparemment pas une bonne journée pour le commissariat. Le 7 non plus, c'est la veille du 8. Ah, c'est sûr, le 8, ce n'était pas une bonne journée. Le 9, ils se sont rendu compte qu'il avait dû se passer quelque chose. Le 11, on a vu arriver le SRPJ.»

«La fraîcheur et l'innocence»

Le 1er mars 2002, les ossements de Mananya sont retrouvés dans un bois, en Belgique. «On nous a rendu le cercueil le 23 décembre, relate Brice Longhini. Ils auraient pu attendre huit jours, on n'aurait pas passé Noël avec le corps à la maison. Après, on nous a remis d'autres ossements, puis un carton avec les cheveux, les dents et quelques affaires.» Mananya a été incinérée dans son pays natal.

Dans la foulée, le principal de son collège, la voix brisée par le souvenir de «la fraîcheur et l'innocence» de l'enfant, lit un poème de Victor Hugo, récité dans la cour le 8 mars 2002. On retient deux vers, comme si le père de Léopoldine engloutie les avait écrits exprès pour «Eyes» : «Mon front s'éclairait dans l'ombre/A la lueur de ses yeux». C'est beau, Hugo. Digne Brice Longhini.
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MessageSujet: Re: 2008 - Procès Michel Fourniret   2008 - Procès Michel Fourniret - Page 2 Icon_minitimeMar 13 Mai - 23:07

Le courage des familles


Stéphane Durand-Souffland 02/05/2008 | Mise à jour : 10:02 |
2008 - Procès Michel Fourniret - Page 2 Bbe0f810
La famille d'Elisabeth Brichet, victime de Michel Fourniret, à l'ouverture du procès. Crédits photo : Le Figaro

Elles veulent gagner la guerre psychologique contre le tueur en série.

Dans les entrailles du palais de justice de Charleville-Mézières, bâtiment sans charme de style années 1960 où se déroule, depuis le 27 mars, le procès des époux Fourniret, se cache un sanctuaire interdit à tous. Nul journaliste n'est admis dans cet espace réservé, gardé par un cordon de policiers, dont le nom de code est «base de vie». En enfilade, trois bureaux ont été transformés en lieu de repos pour les parties civiles. Des fauteuils couleur chlorophylle, une machine à café, des biscuits, des fruits, quelques plantes en pot, égayent tant bien que mal l'endroit. Sur la table basse, toujours, une boîte de mouchoirs en papier.

Tout au fond, c'est le saint des saints. Sur une table-autel, sept grandes roses blanches, renouvelées chaque jour par les familles, trônent dans un vase. À côté, une mini-fontaine électrique prêtée par un fonctionnaire murmure son glouglou kitsch. Au pied du grand vase, dans un sous-verre confectionné par Colette Leroy, la mère de Fabienne, un cœur composé de fleurs blanches est entouré des prénoms des sept jeunes filles massacrées par Michel Fourniret avec, pour cinq d'entre elles, la complicité avouée de son épouse : Isabelle, Fabienne, Jeanne-Marie, Élisabeth, Natacha, Céline et Mananya. C'est ici que, plusieurs fois par jour, leurs proches, mutuellement, se donnent la force de poursuivre le chemin. Quand les débats atteignent une incandescence insoutenable, la famille directement concernée par le dossier se réfugie ici, devant les fleurs. «On ne dit rien. On se touche, on s'embrasse, les mots sont inutiles», explique Colette Leroy.

L'épreuve redoutable du micro

Dans la salle d'audience, également, un rituel s'est mis en place. La famille endeuillée par le crime examiné s'assied au premier rang. Juste derrière, prennent place les parties civiles dont ils se sentent les plus proches. Comme la famille d'Isabelle Laville n'était pas très nombreuse, elle a prié les Leroy de s'asseoir à ses côtés, comme pour former un pack plus solide face aux deux accusés. Depuis l'ouverture, devant la cour d'assises des Ardennes, d'un des plus éprouvants procès de ces dix dernières années, les parties civiles font bloc. Dignes. Fières. Courageuses. Elles ont décidé de gagner la guerre psychologique que leur imposent, depuis le box en verre blindé, l'Ardennais pervers, qui ne veut rien dire, et son énigmatique épouse, Monique Olivier, qui dit n'importe quoi et dont la nouvelle coupe de cheveux, arborée le 27 mars, est considérée comme un artifice, tout comme ses larmes du 24 avril : «Elle ne pleure que sur elle-même, estime la mère de Fabienne. Elle a enlevé notre fille alors qu'elle était enceinte de huit mois. Nous, les femmes, on ne peut pas comprendre ça.»

La Chancellerie, qui a déboursé 1,9 million d'euros pour l'organisation de ces deux mois d'audience, a mis à leur disposition un important dispositif de soutien «à la carte». Une quinzaine de personnes, dont deux psychologues, se relaient en permanence. Depuis 2005, les associations Forhom-Aide aux victimes et Le Mars, savent qu'elles seront mobilisées pour le procès. Le jovial Jean-Pierre Durin, efficace directeur de Forhom, n'en revient toujours pas de l'«énorme solidarité» qui unit ces «familles qui n'en forment qu'une».

Un personnage joue également un rôle inattendu : l'huissier de l'audience. À 56 ans, Jacques Hennequin propose aux âmes torturées son éternel sourire. Cet ancien policier, arbitre de football le week-end, trouve un mot pour chacun. Comme il est partout à la fois, les familles l'ont surnommé affectueusement Trotte-Menu, ou le Porteur d'Eau. Grâce à lui, la climatisation se met en marche quand la chaleur accable l'assistance. Un gobelet désaltérant surgit au bon moment quand une gorge se noue à la barre. Un mouchoir jaillit de sa robe noire quand un regard s'embue. Lorsque Henri Desramault, 88 ans, le père de Jeanne-Marie, est arrivé dans son fauteuil roulant, il ne voulait plus rien avaler depuis plusieurs jours. L'huissier l'a grondé : «Il faut manger, Papy !» Et Papy a mangé.

Le passage au micro constitue une épreuve redoutable. Les Leroy, épaulés comme plusieurs autres familles par l'excellent avocat rémois Gérard Chemla, l'ont passée à leur manière, bras dessus bras dessous, avec l'accord du président Gilles Latapie. «On appréhendait, racontent ces anciens instituteurs à la sensibilité irradiante. Il nous a dit : eh bien, allez-y tous les deux. On est bien tombés, avec lui, il est très, très humain… On avait préparé des titres de chapitre, mais on ne savait pas à l'avance ce qu'on dirait.» Résultat : une exceptionnelle cantate à deux voix, qui a laissé les assises pétrifiées de compassion. «Après, je ne savais même plus ce qu'on avait dit, constate Mme Leroy. De toute façon, depuis un mois, on est dans une bulle, en dehors du monde.»

«Merci de vous être tu»

Les familles résident dans le même hôtel. Une navette les conduit au palais, les emmène au restaurant administratif pour le déjeuner, évitant la meute de journalistes, les raccompagne le soir. Dans ces moments particuliers, certains se dévouent pour détendre l'atmosphère, bien qu'ils n'aient pas le cœur moins gros. Christophe, le frère de Natacha, solide gaillard au collier de barbe poivre et sel, dont chaque oreille s'orne d'un anneau doré, et Brice Longhini, ex-compagnon de la mère de Mananya Thumpong, restaurateur tout en rondeurs dont la déposition, mardi, d'une finesse éblouissante, a fait chavirer les assises, sont très appréciés pour leurs plaisanteries qui arrivent à point, quant les larmes menacent de sourdre. De même que Hervé Guy, qui avait fait venir en France la famille Thumpong. Lui, il a cité Pierre Desproges à l'audience, lançant à Michel Fourniret : «L'intelligence, c'est comme les parachutes. Quand on n'en a pas, on s'écrase.» Personne ne sait, en revanche, qui, le premier, a surnommé les trois avocats de Monique Olivier : Pim, Pam, Poum. Une chose est sûre, tout le monde a compris de qui il s'agissait… «Dès le premier jour, j'ai dit qu'on ne pourrait pas tenir à pleurer tout le temps», sourit Jean-Pierre Leroy.

Ils ont décidé tacitement de faire calvaire commun. C'est leur pacte à eux. Avec le mot d'ordre en tête : ne rien céder à Michel Fourniret qui exige, en vain, le huis clos, apanage des victimes. Ne pas montrer au couple du box les parties civiles ne font «aucune différence entre l'homme et la femme, c'est une machine à tuer à quatre mains», explique l'une d'elles , pour ne pas qu'il s'en repaisse, le chagrin qui les broie de l'intérieur. «S'il n'était pas arrivé le premier jour avec sa pancarte “Sans huis clos, bouche cousue”, il y aurait sûrement eu des moments non publics, révèle M. Leroy. Mais quand on a vu ça, on a tous eu la même réaction : ce n'est pas lui qui mène le procès.». Certes, ils sont un peu frustrés. «On n'attendait pas de grandes révélations, juste quelques réponses pour corriger les incohérences des dépositions», soupire le père de Fabienne. «Comment ont-ils fait monter notre fille dans leur voiture ? Pourquoi l'ont-ils attachée si, comme ils le prétendent, elle ne s'est pas débattue ?», renchérit son épouse. Paradoxalement, les familles ont savouré la formule de M. Longhini, formidable camouflet au maître-chanteur du box : «Merci de vous être tu. Merci de n'avoir pas ajouté à la cruauté de vos actes, la cruauté de vos paroles.»

À la fin du mois, la cour d'assises rendra son arrêt. «Le verdict n'a pas pour objet de faire plaisir aux parties civiles», note Jean-Pierre Leroy. Une petite phrase qui prouve que les victimes ont compris qu'ici, la peine ne constitue pas un enjeu, que l'important, c'est d'avoir tenu le choc, réduit le couple du box à ses minables esquives. Les familles ont gagné haut la main le procès de Charleville-Mézières.
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MessageSujet: Re: 2008 - Procès Michel Fourniret   2008 - Procès Michel Fourniret - Page 2 Icon_minitimeMar 13 Mai - 23:11

La personnalité du couple diabolique à l'étude


De notre envoyé spécialà Charleville-Mézières, Stéphane Durand-Souffland 05/05/2008 | Mise à jour : 09:26 | Commentaires 1
2008 - Procès Michel Fourniret - Page 2 B268e610
Michel Fourniret et Monique Olivier. Le mutisme dans lequel l'accusé voulait s'enfermer au premier jour des débats s'est retourné contre lui. Il a depuis livré des indications sur le déroulement des faits. Crédits photo : AFP

D'anciens compagnons ou conjoints des deux accusés sont appelés à la barre à partir de lundi.

» DOSSIER SPÉCIAL - Le procès Fourniret

Le procès des époux Fourniret entre ce matin dans sa septième semaine. Les assises des Ardennes qui ont fini, mercredi dernier, l'étude des crimes proprement dits, vont à présent se consacrer à la personnalité des deux accusés. À quelques réserves près, ces derniers reconnaissent l'essentiel de ce qui leur est reproché.

Plusieurs témoignages sont particulièrement attendus dont celui, cet après-midi, de l'ancien compagnon de Mme Olivier, avec lequel elle a eu deux enfants. Les deux ex-épouses de M. Fourniret doivent faire mercredi le voyage de Charleville-Mézières. À noter, le 14 mai, la venue de Jean-Pierre Hellegouarch : les accusés ont reconnu avoir tué la concubine de cet ancien codétenu de Michel Fourniret, individu proche du milieu qui avait eu l'imprudence de révéler à l'Ardennais l'endroit où le «gang des postiches» avait dissimulé plusieurs dizaines de kilos d'or. Avec ce pactole acquis au prix d'un meurtre de plus fut acheté le château du Sautou, où seront inhumées deux des victimes.

À ce stade, la situation judiciaire des accusés tient de la catastrophe. Monique Olivier n'a pas convaincu dans son numéro pleurnichard de marionnette «sous l'emprise» de son époux. Mercredi, un questionnement au scalpel de Me Gérard Chemla, partie civile, a rendu sa position encore plus préoccupante. Mme Olivier a dû reconnaître que, dans l'intimité, sans que son partenaire ne la brutalise, elle jouait parfois le rôle d'une jeune fille suppliant M. Fourniret de lui accorder ses faveurs («Voulez-vous bien faire l'amour avec moi, Monsieur ?») puis lui exprimant sa gratitude («Merci, Monsieur»). Précisément, le scénario imposé, selon l'intéressé lui-même, à ses deux dernières victimes, Céline, 18 ans, et Mananya, 13 ans.

Monique Olivier peut bien arguer du fait qu'elle n'était pas présente lorsque ces deux malheureuses furent piégées : le fait que le couple ait singé le «processus» à l'exception de l'épisode final, bien sûr , afin d'en tirer conjointement du plaisir, constituera, pour la défense de Mme Olivier, une difficulté énorme au moment où elle sollicitera la clémence relative de la cour et des jurés. S'ajoutent à cela la toilette intime infligée à Élisabeth, 12 ans, avant que le pervers ne la martyrise, et la fellation complaisamment prodiguée à son mari pour lui permettre de violer Isabelle : ce genre de «détails» ne se balayent pas d'un revers de manche noire à quelques heures du verdict…

En ce qui concerne Michel Fourniret, l'état des lieux pouvait difficilement sembler pire qu'au premier jour des débats. Il l'est, pourtant, dans la mesure où son mutisme s'est retourné contre lui. Cet être singulièrement fat supporte mal de se taire, surtout depuis qu'il a pu constater que le procès pouvait se passer de sa précieuse parole. Le visionnage de ses hallucinants aveux filmés par la police belge une technique dont la France gagnerait à s'inspirer sans tarder , la lecture de ses déclarations face aux juges français, ont suffi à édifier la cour. De surcroît, l'attitude soudée des parties civiles est apparue sans faille. Lorsque, le 29 avril, Brice Longhini, beau-père de Mananya, l'a remercié de s'être tu, l'Ardennais en a sans doute perdu son latin de psychopathe.

«Gros sur la patate»

Alors, forcément, le lendemain, il a commencé à parler parce qu'il en avait «gros sur la patate». Pour la première fois, il a livré des indications, certes minimes, sur le déroulement de certains faits. À l'en croire, Mananya a refusé de lui poser la question («S'il vous plaît, Monsieur…») qui devait déclencher le compte à rebours macabre : «Elle a gardé un silence absolu. Ça a duré longtemps, longtemps», affirme l'homme qui, avec une insistance calculée, jure avoir en tête «le film» précis de ses crimes, qu'il n'accepterait de «projeter» qu'à huis clos.

De même, se tournant vers les parents de Céline, il lâche : «Que M. Saison sache que ceci n'a jamais eu lieu : ça ne fait pas partie de mes démarches.» Il était alors question de fellation forcée, relatée par Mme Olivier se fiant, selon elle, aux vantardises de son mari. Celui-ci s'inscrit donc en faux, fustigeant au passage le vocabulaire de sa femme qui «(le) fait gerber».

Une question, paradoxale, se pose désormais : après avoir tout fait pour qu'il parle, faudra-t-il désormais croiser les doigts pour que Michel Fourniret, jusqu'au verdict, en dise le moins possible ?
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MessageSujet: Re: 2008 - Procès Michel Fourniret   2008 - Procès Michel Fourniret - Page 2 Icon_minitimeMar 13 Mai - 23:14

Les larmes de Fourniret


De notre envoyé spécial à Charleville-Mézières, Stéphane Durand-Souffland 06/05/2008 | Mise à jour : 20:09 |
2008 - Procès Michel Fourniret - Page 2 72dd3c10

Confronté aux questions de Dominique Catoire, fille d'un de ses anciens patrons, Michel Fourniret s'est montré destabilisé pour la première fois depuis le début de son procès.

Il y a parfois, aux assises, des témoins dont on n'attend rien et qui, pourtant, captivent l'auditoire, le box, voire les deux à la fois. Dominique Catoire, 55 ans, appartient à cette catégorie. Fille d'un ancien employeur de Michel Fourniret - c'était dans les années 60 -, elle l'a peu connu elle-même mais dépose ce mardi devant les assises des Ardennes.

On évoque le «bon vieux temps» où l'accusé était un fraiseur consciencieux, on parle d'un patron visiblement adoré, d'un collègue apprécié, Roger P.. Sur son siège, l'Ardennais semble à bout de nerfs. Me Chemla, partie civile, l'a remarqué : «Pourquoi pleurez-vous, M. Fourniret ?»

Celui-ci, main en coquille derrière l'oreille, feint de n'avoir pas entendu. L'avocat revient à la charge. L'accusé : «Je crois que vous avez des problèmes de vue, Monsieur». Généralement, il appelle les avocats ainsi (et non «Maître»), pour les asticoter, et retrouver sa contenance.

C'est à cet instant que s'amorce le dialogue suivant.

Mme Catoire, à l'accusé : «Tu as longtemps admiré mon père, qui t'a enseigné de grandes valeurs. Je voudrais que tu dises la vérité. Papa t'a enseigné l'amour de ton prochain. S'il te plaît, respecte ce que tu as tant admiré chez lui».

M. Fourniret, en complète perdition, murmure à toute allure quelques mots en russe ( «Je t'aime», semble-t-il).

Mme Catoire : «Parle en français.»

«Dominique, je n'ai pas pris cette décision [de se taire] à la légère. Si je parle, on va faire des gros titres sur un exhibitionnisme déplacé...»

«C'est déjà fait, on ne voit que toi partout, dans les journaux et à la télé.»

«Tu parles de vérité, mais je ne dissimule rien. Je souhaitais pouvoir m'exprimer sans réserve (il pleure).»

«Fais-le ! Si papa était là, il te le demanderait. Il est encore temps de dire : « Excusez-moi, j'ai fait de grosses conneries »».

«Ce serait facile...»

«Si tu veux rester dans la famille des « Catoiristes », fais-le !»

«(En larmes, très fort) Je ne peux pas ! J'ai pris une position, je ne peux pas en changer !»

«Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis (applaudissements dans la salle, immédiatement interrompus par le président).»

«Il est un peu tard. Les affaires ont toutes été examinées. Je ne peux plus m'adresser aux familles une par une.»

«Tu peux faire machine arrière. S'il y a d'autres victimes, dis-le. Imagine tes filles enlevées par quelqu'un comme toi...»

«Ce que j'ai fait est connu. Il n'y a pas d'acte non connu, je te regarde dans les yeux.»

«Je veux bien te croire, mais dis la vérité, nom d'une pipe ! Tu n'es pas un homme froid, repense aux années 60.»

«Dans ton for intérieur, tu sais qu'en public, je ne peux pas revenir en arrière.»

«Tu me fais honte pour papa. Fais un effort, allez, Michel ! »

L'accusé pleure, incapable de parler. Me Seban relève que, jadis, l'Ardennais avait juré sur la tête de sa petite-fille qu'il n'était pour rien dans le meurtre de Céline, qu'il a reconnu par la suite. A la demande de l'avocat, le témoin tente à nouveau sa chance.

Mme Catoire : «Peux-tu jurer que tu n'es pour rien dans d'autres meurtres ?»

Michel Fourniret : «L'avocat qui vient de t'interpeller, monsieur Seban, tente d'obtenir de ma part un aveu. Je n'ai eu de cesse de lui dire que je n'y suis pour rien [dans les affaires Parrish, Domèce, Mouzin]. Je te jure sur ce qu'il y a entre nous que je ne suis absolument pas concerné par ces affaires-là. C'est précieux, ce qu'il y a entre nous.»

«Je l'espère... C'est pour cela que je te demande de dire la vérité.»

«L'insistance de cet avocat n'est fondée sur rien.»

Me Seban : «Sur des aveux de Monique Olivier !»

Michel Fourniret, méprisant et fielleux : «C'est bien ce que je disais. (En larmes, au témoin) Je te l'ai dit à toi, ça a une valeur que tu connais ».

Mme Catoire : «Peux-tu demander un vrai pardon aux familles ?»

«On ne demande pas pardon pour ce qui est impardonnable. Il existe une autre manière, qui tient en toute une vie, une attitude, une expiation. L'orgueilleux que je suis ne répondra pas.»

«Ce n'est plus de l'orgueil, c'est de la bêtise. Tu ne respectes plus du tout Georges [le père-patron].»

«Je ne sais pas s'il n'aurait pas été aussi têtu que moi...»

«Réfléchis. Je peux dire que je compte sur toi ?»

«Si c'est pour créer un tumulte, c'est fait...»

«Non, pour dire la vérité et agir en conséquence. Là, c'est une parodie de procès.»

«Une fois encore, je n'ai pas pris cette décision à la légère, mais au prix de nombreuses insomnies. (Définitivement refermé sur lui-même) Je suis désireux de répondre à tout, mais pas en public, jamais en public, jamais !»

«J'avais une autre opinion de toi. Je t'ai dit tout ce que j'avais à te dire. Pense à Georges. Je compte sur toi ».
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MessageSujet: Re: 2008 - Procès Michel Fourniret   2008 - Procès Michel Fourniret - Page 2 Icon_minitimeMar 13 Mai - 23:17

Les deux faces de Fourniret vues par son frère


De notre envoyé spécial à Charleville-Mézières Stéphane Durand-Souffland 07/05/2008 | Mise à jour : 16:02 |
2008 - Procès Michel Fourniret - Page 2 Dc8f7e10
«Le Michel blanc et le Michel noir » : c'est ainsi que le frère de Fourniret (ci-dessus), qui ne peut « défendre un assassin d'enfants» ni «attaquer trop fort un consanguin», a évoqué son cadet. Crédits photo : AFP

André, 78 ans, a lancé à l'adresse du forestier ardennais : «Je veux qu'il sache que c'est toujours mon frère».

«Que pensez-vous de son silence ?», demande Me Didier Seban au témoin. L'homme de 78 ans, à la voix grave et à l'allure de professeur de lettres bienveillant, avec cheveux très blancs et cravate trop courte, répond : «Il est coincé. Le Michel blanc et le Michel noir, il les a connus séparément, quant il tuait ou quand il m'embrassait. Il va être obligé de recoller les deux morceaux et ce jour-là, il se suicidera, ou il deviendra fou. Son mutisme le protège, il faut le respecter.»

Mais Me Seban insiste. À l'accusé : «Qu'avez-vous à dire à votre frère ?» Car le témoin, qui vient de définir le clivage plus clairement que bien des experts psychiatres, n'est autre qu'André (*), l'aîné des trois enfants Fourniret.

L'accusé, sans surprise : «Pas dans le cadre d'un procès public.»

Le grand frère, délicat et protecteur : «Je souhaiterais qu'on ne l'importune plus. Vous en savez assez, de toute façon. Pour lui, c'est une forme d'autoprotection. Je veux qu'il sache que c'est toujours mon frère, malgré tout.»

Peu avant, il s'était tourné vers les parties civiles, alors que le président l'interrogeait sur la difficulté d'être un parent de l'Ardennais : «Les ennuis qu'il nous a causés n'ont rien à voir avec votre douleur. Je ne me sens pas le droit de me plaindre devant les familles. Je voudrais leur dire, en les regardant dans les yeux, toute mon affection.» Des bancs concernés fusent quelques «mercis !» sincères.

«Il veut dominer le monde »

André impressionne vivement les assises, car ce vieux monsieur pétillant trouve la place exacte qui lui revient, sans «défendre un assassin d'enfants» ni «attaquer trop fort un consanguin». Il ne l'épargne pas pour autant, ce «pseudo-intellectuel, ou intellectuel raté», ce qui ne l'empêche pas de saluer l'«excellent technicien».

André, donc, navigue dans un inconfortable entre-deux. Le voici cependant qui, bravement, tente de décrypter l'itinéraire criminel de celui qui a eu le même père et la même mère que lui : «Pour dominer quelqu'un, il veut l'abandon total, ce n'est pas sexuel.» Comprendre : le «Michel noir» obéit à une pulsion de mort. «Il veut dominer le monde… Il aurait pu diriger une usine, ou faire de la politique», sourit malicieusement le témoin. Malheureusement, le «Michel blanc» n'avait pas les moyens de ces bourgeoises ambitions. Pour son frère, «la présence de Monique [Olivier] a permis à Michel de déclencher ses pulsions. En tuant devant quelqu'un, on montre sa toute-puissance».

À la question d'un assesseur, André poursuit : «Le Michel Fourniret qui est là se considère comme un martyr. Pour lui, on est dans un procès stalinien ! C'est le Michel blanc qui est en prison, c'est comme ça qu'il se protège.»

La mère d'Élisabeth, la plus jeune des victimes, demande : «S'il avait obtenu le huis clos, aurait-il parlé ?»

Le témoin : «Oh oui, mais il n'aurait rien dit.»

Comme le cadet refuse de parler, le président Latapie interroge son aîné sur trois de ses prétendues réminiscences enfantines : un épisode incestueux dont Mme Fourniret mère aurait été à l'initiative (André n'y croit absolument pas) ; une humiliation subie, très jeune, par leur sœur Huguette lors d'un repas de famille (André n'y accorde aucun crédit) ; enfin, Michel Fourniret aurait un jour surpris la même Huguette sur un «seau d'aisance», et il en aurait été durablement perturbé. André, lui, ne croit guère au traumatisme scatologique : «Qu'est-ce qu'il allait faire dans ces chiottes ? interroge-t-il gaiement, arrachant un sourire à son frère. Rimbaud a écrit sur une scène de ce genre.» À Charleville-Mézières, où naquit le poète, tout le monde, sans doute, a lu Accroupissements.

André, à présent, va quitter la barre. Un poète judiciaire pourrait écrire, à son sujet, l'«Art d'être grand frère».

(*) Le témoin a changé de patronyme, comme la plupart des parents de Michel Fourniret.

» DOSSIER SPÉCIAL - Procès Fourniret : le pacte sanglant
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MessageSujet: Re: 2008 - Procès Michel Fourniret   2008 - Procès Michel Fourniret - Page 2 Icon_minitimeMar 13 Mai - 23:19

Les ex-femmes de sa vie


De notre envoyé spécial à Charleville-Mézières, STEPHANE DURAND-SOUFFLAND 07/05/2008 | Mise à jour : 22:33 |

Mercredi, les deux premières épouses de Michel Fourniret sont venues témoigner à la barre.

ANNETTE est l'anti-Monique. La première épouse de Michel Fourniret est aussi petite que M me Olivier est grande. Sa coupe au carré soignée, maintenue par deux barrettes, ses lunettes rondes, son visage pointu, lui donnent l'allure d'une éternelle petite fille, bien qu'elle ait aujourd'hui plus de 70 ans. Un point commun, tout de même, entre ces femmes : toutes deux ont été séduites par la prose de l'Ardennais. Du temps d'Annette, plus âgée que lui, il effectuait son service militaire en Algérie : « Il me décrivait le pays, m'envoyait des fleurs séchées… » , se souvient cette énergique retraitée qui dit de l'homme du box : « Il n'aurait jamais eu d'ascendant sur moi. »

Annette, pour autant, a aimé le jeune Michel, revenu apparemment bouleversé d'Algérie et qui se plaisait à décrire une jeunesse malheureuse il prétendait même avoir séjourné dans une institution pour enfants déshérités dont il n'existe aucune trace. Ils ont eu un fils ensemble. « Travailleur acharné, il avait un vrai potentiel », soupire-t-elle. Mais en 1966, coup de tonnerre : elle est convoquée au commissariat où elle découvre, outre son mari, un autre homme et la fillette de celui-ci, sur laquelle M. Fourniret vient de commettre des attouchements. Immédiatement, l'anti-Monique le quitte.

Plus tard, elle lui porte une convocation judiciaire arrivée à son ancienne adresse : « Il s'est mis à pleurer, raconte le témoin. Mais c'est sur lui qu'il pleurait, sur la vie confortable que j'aurais pu lui offrir. » Ces larmes-là, la cour d'assises les a vues avant-hier : elles ne coulent, c'est vrai, qu'en circuit fermé. À la barre, Annette tente d'obtenir quelques mots de son ex-époux, pour les familles. Réponse cinglante de l'Ardennais : « Tu me donnes l'impression, Annette, d'avoir une conscience à sens unique. Pardonne-moi, mais tu me demandes de prendre la parole en public, mais tu n'as vraiment pas le fondement nécessaire pour le faire. »

« Toi, je ne te posséderai jamais complètement »

Voici à présent Nicole, la seconde femme. Elle aussi, elle l'a aimé, épaulé, supporté. Peut-être ressent-il encore à son égard quelque chose qui ressemble à un sentiment ne l'appelle-t-il pas, soudain, par le sobriquet de « Milou » ? Elle a divorcé au milieu des années 1990, apprenant son arrestation pour divers crimes de nature sexuelle qui lui vaudront une condamnation. Ils ont eu trois enfants ensemble : un fils, mort accidentellement en 1995. Deux jumelles, dont l'une s'est suicidée après la révélation des crimes commis par son père.

Comme Annette et comme Monique, Nicole a été conquise par le style « littéraire » de M. Fourniret, rencontré sur un quai de gare. À elle, il dira un jour : « Toi, je ne te posséderai jamais complètement. » À elle, qui lui demande d'« expliquer », il répond gentiment : « Le pourquoi des choses, est-ce que je le comprends moi-même ? Avant de l'expliquer à autrui, il faudrait que je voie clair en moi. »

Puis, tout à trac : « Souhaites-tu que je prenne la parole en public ?

Nicole : « Peut-être… »

L'accusé : « Tu me donnerais l'ordre de prendre la parole en public ? »

Nicole, plus ferme : « Oui. »

C'est important… J'enregistre… C'est beaucoup « plus important que ce que tout le monde peut imaginer. Nous avons encore des témoins à entendre ce soir [deux de ses trois enfants encore vivants] de l'avis desquels une confirmation pourrait venir. Si le cas se présentait, ce serait pour moi un ordre et je parlerai en public. »

Hier soir, après la demande de ses deux enfants, Fourniret s'est dit prêt à donner des réponses à toutes les questions que poseront les familles des victimes. A la question d'un des avocats : « Nous avons donc votre parole ? », l'accusé a acquiescé. En raison de l'heure tardive de l'audience, les parties civiles ont décidé de reporter leurs questions à la semaine prochaine.

STEPHANE DURAND-SOUFFLAND

Michel Fourniret promet de s'expliquer sur les faits
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MessageSujet: Re: 2008 - Procès Michel Fourniret   2008 - Procès Michel Fourniret - Page 2 Icon_minitimeMar 13 Mai - 23:23

Fourniret devrait enfin s'expliquer sur ses crimes


Stéphane Durand-Souffland 13/05/2008 | Mise à jour : 07:29 | Commentaires 5

2008 - Procès Michel Fourniret - Page 2 4e072510
Michel Fourniret quitte la cour d'assises de Charleville-Mézières, mercredi dernier, après avoir affirmé à l'audience sa volonté de changer d'attitude et de dire sa vérité. Crédits photo : AFP

La semaine qui s'ouvre devant les assises des Ardennes est décisive. Les parties civiles espèrent et redoutent les confidences du tueur.

«À toutes vos questions, je répondrai.» Mercredi dernier, à l'issue de la vingt-quatrième journée d'audience, Michel Fourniret a donc affiché sa volonté de changer d'attitude. Après un mois de chantage au huis clos sans doute aussi éprouvant pour ce phraseur vaniteux que pour ses interlocuteurs, il promet d'offrir sa vérité aux assises des Ardennes.

Curieusement, les parties civiles qui, depuis le 27 mars, le pressaient de s'exprimer, n'ont pas bondi sur l'occasion de l'interroger, alors que les larmes qu'il venait de verser devant sa fille Anne n'étaient pas encore sèches. Judiciairement, c'est risqué, car l'expérience du dossier rappelle que la bonne volonté de l'intéressé est à géométrie variable. Psychologiquement, c'est habile, car cela montre à l'Ardennais que ce n'est pas lui qui conduit les débats.

L'audience reprend mardi après-midi, avec de très nombreux témoins. Comme il en sera de même jusqu'à vendredi, le président Latapie doit dégager des matinées dévolues pour l'instant au fonctionnement «normal» du tribunal de Charleville-Mézières, paralysé par ce procès exceptionnel , pour permettre à Fourniret de revenir sur les faits, dont l'examen s'est achevé le 30 avril.

L'enjeu, pour les familles des victimes, est double. La plupart des parents attendent du box quelques éléments factuels sur les derniers instants de leur fille ou sœur, afin de mettre fin à d'obsédantes incertitudes. Mais leurs conseils espèrent surtout que la parole libérée de l'homme qui a avoué sept homicides accablera Monique Olivier, laquelle tente d'apparaître comme une complice tellement soumise à son mari qu'on la prendrait presque, si l'on n'y prenait garde, pour une victime supplémentaire.

Règlement de comptes en vue

On ne fait pas parler impunément un Michel Fourniret. Sa logique n'est pas la nôtre, sa sincérité décalée ne relève pas forcément de la provocation. Ce maniaque de la précision peut susciter la nausée en racontant, par le détail, ses crimes. Il peut aussi, et ce serait peut-être pire, provoquer un dégoût irrépressible en éludant la sauvagerie de ses actes, pour relater les rapts, les viols, les meurtres comme s'il s'était agi d'histoires d'amour brutalement interrompues, de crimes mystico-passionnels. Mme Olivier, à plusieurs reprises, n'a-t-elle pas affirmé que, dans le cerveau détraqué de son mari, les victimes étaient demandeuses et satisfaites ?

«On a franchi depuis longtemps les limites de l'insoutenable», estime cependant le rusé stratège de la partie civile, Me Gérard Chemla. L'avocat rémois, comme vraisemblablement ses confrères, tentera de contenir les dérapages écœurants en axant ses questions sur le rôle exact de la complice rôle sur lequel planent encore des zones d'ombre. Fourniret semble d'ailleurs «mûr» pour accabler son épouse. Le 7 mai, il déclarait ainsi : «Je ne mets pas en doute la bonne foi de mes enfants, ni la malhonnêteté de cette bonne femme.» Quelques jours avant, il l'avait agressivement incitée à «dire ce qu'elle sait, pas ce qu'elle croit». Un autre jour, il avait stigmatisé son vocabulaire qui le «fait gerber». Bref, le moment semble propice à un grand règlement de comptes dans le box.

Pas un instant la tension n'est retombée au procès de Charleville-Mézières. La dignité des familles, l'abomination des faits et les gesticulations (avec ou sans parole) du couple ont entraîné les assises à l'extrême limite de ce à quoi la justice peut servir face à de tels accusés. Alors que le verdict approche, il est encore temps d'écouter Fourniret, si toutefois il consent à parler véritablement. Sans oublier qu'au regard de la loi, il reste un accusé comme les autres : l'Ardennais psychopathe a le droit de mentir.
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MessageSujet: Re: 2008 - Procès Michel Fourniret   2008 - Procès Michel Fourniret - Page 2 Icon_minitimeMar 13 Mai - 23:26

Fourniret : «Je suis extrêmement dangereux»


C. M. (lefigaro.fr) avec AFP 13/05/2008 | Mise à jour : 16:39 | Commentaires 9
2008 - Procès Michel Fourniret - Page 2 72dd3c11
Crédits photo : AFP

Pour sa première véritable prise de parole devant la cour d'assises, le tueur en série présumé a également présenté des excuses... aux magistrats.

Michel Fourniret n'a donc pas changé d'avis. Il parle. «A partir du moment où ce doute existe [ndlr : d'avoir fait perdre sa virginité à une femme], je reste en situation d'être un individu extrêmement dangereux», a-t-il déclaré au troisième jour de l'examen de sa personnalité.

«Ca veut dire que vous vous considérez encore comme dangereux ?», a alors interrogé un avocat des parties civiles. «Oui», a répondu Fourniret. Dans des écrits échangés en 1987 avec Monique Olivier - alors qu'il était emprisonné pour une série d'agressions sexuelles -, Fourniret avait expliqué sa quête de jeunes filles vierges par le fait de n'avoir jamais pu expérimenter la défloration. Cette quête deviendra son obsession.

«Je me sens plus léger»

Depuis le début de son procès devant la cour d'assises des Ardennes, le tueur en série présumé refusait de s'exprimer. Mercredi dernier, il a promis qu'il s'expliquerait enfin sur ses crimes. Mais il faudra attendre jeudi pour entendre Michel Fourniret s'expliquer sur le fond. Gilles Latapie, le président de la cour d'assises des Ardennes a indiqué que deux audiences supplémentaires auraient lieu jeudi matin et vendredi matin (de 9h30 à 11h30).

En préambule, mardi, Michel Fourniret a tenu à présenter «un modeste paquet d'excuses» aux deux juges d'instruction de Charleville-Mézières en charge du dossier, pour avoir critiqué leur acte d'accusation. Lisant un texte écrit dans un style ampoulé, il a sous-entendu que certaines erreurs qu'il avait constatées dans leur rapport étaient le fait de fausses déclarations de Monique Olivier. «J'ai été berné par une cigale aussi désinvolte que dénuée de passion», a-t-il déclaré à propos d'elle. Et d'ajouter : «Je me sens plus léger d'avoir pris la décision» de parler.
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MessageSujet: Re: 2008 - Procès Michel Fourniret   2008 - Procès Michel Fourniret - Page 2 Icon_minitimeDim 18 Mai - 18:27

Les aveux obscènes de Michel Fourniret


De notre envoyé spécial à Charleville-Mézières, Stéphane Durand-Souffland 13/05/2008 | Mise à jour : 23:22 |
2008 - Procès Michel Fourniret - Page 2 67e90710
Michel Fourniret (ici à son arrivée au tribunal) a été confronté mardi à plusieurs jeunes filles qu'il avait agressées au début des années 1980.

DOSSIER SPECIAL - Il se dit «dangereux» mais n'a jamais eu «l'impression d'agresser quelqu'un».

Puisqu'il accepte désormais de parler, Michel Fourniret sera questionné jeudi et vendredi sur les sept crimes qu'il a avoués entre 1987 et 2001. Mais mardi, confronté à plusieurs jeunes filles qu'il avait agressées au début des années 1980 ce qui lui vaudra une peine de sept ans de prison prononcée par les assises de l'Essonne , il a laissé échapper sa conception tordue de la réalité. Au micro, Sandrine, 41 ans, vient de raconter ce qu'elle avait subi, adolescente. L'accusé : «Puis-je demander à Mme S. si elle m'autorise à évoquer les moments que nous avons partagés ?» L'obscénité de la tournure, qui laisse supposer une décision réciproque, suscite un murmure dans la salle. Pour M. Fourniret, le rapt, les attouchements, ce n'est donc qu'un «moment partagé». Ne vient-il pas de confier au président Latapie : «Dans ma tête, il est exact que je n'ai pas l'impression d'agresser quelqu'un. C'est terrible à dire, mais c'est la vérité» ?

Pourtant, simultanément, dans un paradoxe qui, sans doute, trahit le désordre mental, l'Ardennais évoque «le mécanisme de cinéma qui se met en marche» lorsqu'il accoste une jeune fille. Surtout, il a pleinement conscience de sa dangerosité. Évoquant, à la demande de Me Seban, partie civile, son obsession de la virginité, il déclare : «Tant que je n'ai pas de réponse à la question fondamentale, je reste quelqu'un de terriblement dangereux. Je n'en ai pas fait l'expérience [de la défloration d'une jeune vierge, NDLR], je le jure. J'ai cru la faire avec Céline Saison, mais le doute a surgi immédiatement après.»

L'avocat : «Êtes-vous encore dangereux aujourd'hui ?»

L'accusé : «Oui.»

Dès l'ouverture de cette vingt-cinquième journée de débats, tout le problème posé par la participation active de Michel Fourniret apparaît. Un dialogue curieusement libre s'instaure entre lui et les rescapées de la deuxième phase de sa criminalité il avait commis des attouchements sur une fillette en 1966. En ne s'interposant pratiquement pas dans cet échange, l'institution judiciaire en renforce le côté malsain : un procès pénal, ce n'est pas, en principe, un huis clos à ciel ouvert qui rappelle les conditions dans lesquelles les faits, jadis, furent commis. On voit aussi l'accusé tenter de prendre la main, posant à son tour des questions aux témoins soit pour qu'ils le prient de parler, soit pour contester leurs dires.

«Régler nos comptes»

Rappelons au passage que les témoins déposent sous serment, alors que les accusés ont le droit de mentir… Même si des interlocuteurs de la trempe de Sandrine ne s'en laissent pas conter, la démarche est choquante. Le président, par deux fois, intervient d'ailleurs pour la contrer, mais le mal est fait.

Plus intéressants sont les propos de M. Fourniret sur son épouse. Pour l'heure, ils sont rares, mais éloquents : «Monique Olivier reste quelqu'un que j'ai très peu fréquenté, ose-t-il ainsi. Lorsque nous partions en voiture, elle regardait à droite, et moi à gauche. Nous ne communiquions pas, sinon pour dire des conneries.» Puis, en allusion notamment aux accusations d'actes post-mortem formulées, certes à reculons, par Mme Olivier : «Nous allons certainement régler nos comptes par micros interposés.» En attendant cette prometteuse perspective, l'Ardennais avait pris la parole en tout début d'audience : «Je suis amené à venir présenter humblement un petit paquet d'excuses aux deux juges d'instruction de Charleville.» Toujours la volonté de déplacer le débat. Toujours pas un mot pour les jeunes femmes massacrées. Pour Michel Fourniret, les victimes n'existent pas. Que peut-on attendre d'autre de la part d'un homme qui se sait «terriblement dangereux», mais n'agresse jamais personne ?
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MessageSujet: Re: 2008 - Procès Michel Fourniret   2008 - Procès Michel Fourniret - Page 2 Icon_minitimeDim 18 Mai - 18:32

Misérables scènes de ménage au procès du couple Fourniret


De notre envoyé spécial à Charleville-Mézières, Stéphane Durand-Souffland 14/05/2008 | Mise à jour : 21:48 | Commentaires 5
2008 - Procès Michel Fourniret - Page 2 E93c9510
Michel Fourniret a expliqué mercredi comment il a assassiné la femme de son ancien codétenu, Jean-Pierre Hellegouarch (ci-dessus au palais de justice de Charleville-Mézières). Crédits photo : AFP

Insultes et accusations ont fusé mercredi à Charleville, où était évoqué le vol du magot du «gang des postiches».

Jean-pierre Hellegouarch res­semble à Jean Genet, c'est un truand détenu pour encore un an, mais c'est aussi une victime du couple Fourniret, qui a assassiné sa femme, Farida, en avril 1988.

Le veuf, sincèrement éploré, dépose aux assises des Ardennes. Il parle souvent avec la fausse exactitude des voyous rompus aux interrogatoires délicats. Ainsi, lorsqu'il dit : «Je me suis trouvé dans la nécessité de récupérer une certaine somme d'argent à un endroit précis», faut-il comprendre : ayant appris en prison où le «gang des postiches» avait caché 80 kg d'or, en pièces et lingots, dans un cimetière de la région parisienne, il a décidé de chiper ce butin.

Problème : il est incarcéré et, dans le milieu où il évolue depuis sa prime jeunesse, ce genre de tuyau est à exploiter au plus vite. M. Hellegouarch songe alors à Michel Fourniret, qui vient de sortir de Fleury-Mérogis, un brave gars «inoffensif» qui n'a pas l'air voleur et possède «des mains de jardinier» particulièrement adaptées à la besogne. Le cave s'est donc rebiffé. Il a soustrait l'or au caïd et, après l'avoir attirée dans un traquenard, tué sa femme. Le couple Fourniret-Olivier à l'époque ? «On les appelait “les Popeye”, se souvient M. Hellegouarch, on les trouvait amusants»…

Par la suite, il tentera de tuer son ancien camarade de cellule, ayant compris qu'il avait acheté son château du Sautou avec l'or du caveau. Mais M. Fourniret prend la fuite. Le braqueur propose à Mme Olivier, restée sur place, un marché qui ressemble étrangement à l'une des clauses du pacte qu'elle avait elle-même conclu jadis avec le couard du Sautou (il avait promis d'occire son ancien compagnon) : elle l'appellera quand M. Fourniret reviendra et lui, Hellegouarch, se chargera de «clore le chapitre».

Bien sûr, l'épouse faussement terrorisée par son mari n'appellera jamais le veuf que le chagrin et la vexation ont rendu terriblement dangereux. Elle fournit toutefois aux assises une justification singulièrement convaincante, comme pour donner raison par anticipation à la sœur de la victime, Aïcha, qui la qualifiera bientôt de «grosse limace gluante» : «J'avais pas son numéro de téléphone.»

«Les people du crime»

Pour la première fois, l'Ardennais raconte un de ses crimes, commis nuitamment dans une carrière désaffectée des Yvelines : «J'étais assis dans la voiture der­rière Farida. J'avais un lacet, j'ai entouré son cou. Elle s'est débattue, nous nous sommes retrouvés à l'extérieur. Je l'ai étranglée. Elle était face à moi et m'a dit : “Michel, ne me tue pas comme ça.” À un moment, un outil fabriqué à partir d'une baïonnette est tombé de ma poche. J'ai demandé à Monique de me le passer. Je pense qu'elle l'a trouvé et qu'elle s'est baissée sur Farida.»

Le sous-entendu est limpide. Monique Olivier, geignarde et dé­tachée comme une gamine qu'on accuserait seulement de s'être fourré le doigt dans le nez en public : «Ah non, je n'ai pas donné de coup de baïonnette à Farida ; j'en aurais été bien incapable. Il est en colère après moi ; il se venge de cette façon.» Quelques minutes plus tard, M. Fourniret explose, pathétique assassin surpris en pleine scène de ménage : «Arrête tes conneries, merde ! C'est pas vrai, cette bonne femme ! Connasse !»

Le président coupe net ce flot ordurier et factice. Aïcha et Jean-Pierre Hellegouarch paraissent consternés par ce règlement de compte à baïonnette mouchetée. Lui, tout à l'heure, avait stigmatisé ces accusés qu'on traite, à ses yeux, «comme les people du crime». Tous deux souffrent que le meurtre de Farida ne soit pas examiné par les assises, pour des raisons de prescription «C'est comme si on dansait sur sa tombe», soupire M. Hellegouarch. Certes, sa manière de vouloir «clore le chapitre» en complicité avec Mme Olivier n'était pas orthodoxe. Il en avait pourtant proposé une autre, légale à 100 %, en déposant en 1998 une plainte très bien documentée sur les époux Fourniret. Celle-ci sera classée, moins d'un an plus tard, par la justice. Parce qu'une femme de truand n'intéresse personne, suggère Me Seban. Si une enquête sérieuse avait été menée, deux ­jeunes filles, au moins, Céline et Mananya, auraient peut-être échap­pé au supplice, grâce au voleur volé par l'Ardennais.
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MessageSujet: Re: 2008 - Procès Michel Fourniret   2008 - Procès Michel Fourniret - Page 2 Icon_minitimeDim 18 Mai - 18:40

Fourniret dans un «état second» au moment de tuer


lefigaro.fr, avec notre envoyée spéciale Charlotte Menegaux et AP 15/05/2008 | Mise à jour : 15:08 | Commentaires 3
2008 - Procès Michel Fourniret - Page 2 2ed9ac10
(AFP PHOTO BENOIT PEYRUCQ).

Comme promis, le tueur en série a commencé à s'expliquer sur les sept meurtres et les tentatives d'enlèvement qui lui sont reprochés.

«J'étais dans un fiasco». Michel Fourniret a raconté, jeudi matin, devant la cour d'assises des Ardennes, le kidnapping raté de Marie-Ascension, l'adolescente qui a permis son arrestation.

«Il y avait une intention de sabordage», a-t-il expliqué au sujet de la rencontre avec l'adolescente belge de 13 ans, qui a provoqué sa perte. L'Ardennais a décrit l'état d'esprit dans lequel il se trouvait ce jour-là : «je sortais d'une maison qui sentait la vinasse, j'étais dans un fiasco familial et dans un fiasco à Sart-Custinne (son domicile belge)». «Je ne sais pas où j'en étais», a-t-il précisé.

Michel Fourniret est revenu en détails sur cette journée du 26 juin 2003. Il aurait d'abord «véhiculé» une première jeune femme avant de croiser la route de la jeune belge à Ciney. Cette dernière avait réussi à s'échapper du fourgon où elle avait été ligotée. «Les cordes étaient mises de façon symbolique », a assuré Michel Fourniret. En argumentant : «si j'avais voulu vraiment l'entraver, cela aurait été très facile».

Fourniret se compare à un «braconnier»

«J'étais comme un braconnier qui ne sait pas s'il va ramener un faisan, une perdrix, ou rien du tout.» C'est avec ce genre d'images que Michel Fourniret a tenté d'expliquer, devant la cour d'assises des Ardennes, qu'il n'avait pas prémédité l'enlèvement d'Isabelle Laville, la première victime des époux Fourniret, en 1987. «Ou bien je m'exprime et j'utilise des images malheureuses, ou bien je rentre dans ma coquille» n'a-t-il pas hésité à ajouter ensuite, d'un ton vaguement menaçant.

Le tueur en série présumé est loquace, comme il l'avait promis mercredi dernier. Et peu avare en «images malheureuses» : se comparant tantôt à un braconnier, tantôt à un «homme de troupe, un chef d'état-major qui a une stratégie», ou enfin à un «joueur d'échec». Affirmant que la jeune fille avait été «l'instrument du destin placé sur la route de (sa) préméditation», le tueur en série présumé a nié avoir procédé à des repérages pour l'enlever, comme l'a redit jeudi son épouse Monique Olivier. Une affirmation qui a provoqué l'énervement de Michel Fourniret : «Monique Olivier ment. Monique Olivier le sait très bien, je ne vais pas me mettre à hurler. Qu'elle respire un bon coup et qu'elle dise quelque chose de vrai pour une fois»

Isabelle Laville a été enlevée le 11 décembre 1987 à Auxerre à quelques centaines de mètres de son collège par les époux Fourniret qui avait échafaudé un scenario pour la faire monter dans leur voiture avant de la droguer. Michel Fourniret a de nouveau expliqué jeudi qu'il l'a pénétrée digitalement afin de vérifier qu'elle était vierge. Impuissant, Michel Fourniret n'a pas pu violer la jeune femme qu'il a étranglée, alors qu'elle «était dans un état comateux» a-t-il précisé, avant de la jeter dans un puits abandonné. Faisant souvent état d'une pauvre mémoire, il confie tout de même, avec des accents de sincérité : «On voudrait se réveiller, je vous ai parlé d'un état second», alors qu'il est interrogé sur ses sensations, au moment où il égorge Isabelle Laville.
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MessageSujet: Re: 2008 - Procès Michel Fourniret   2008 - Procès Michel Fourniret - Page 2 Icon_minitimeDim 18 Mai - 18:47

"Une succession de détails sordides"


Propos recueillis par Ophélie Wallaert (lefigaro.fr) 16/05/2008 | Mise à jour : 11:00 |

AUDIO - Michel Fourniret décrit ses meurtres d'un "ton calme et clinique", provoquant le malaise des familles, raconte Charlotte Menegaux, envoyée spéciale du figaro.fr à Charleville-Mézières.

http://www.lefigaro.fr/actualites/2008/05/15/01001-20080515ARTWWW00590-une-succession-de-details-sordides.php
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MessageSujet: Re: 2008 - Procès Michel Fourniret   2008 - Procès Michel Fourniret - Page 2 Icon_minitimeDim 18 Mai - 18:57

«Monique Olivier, complice jusqu'à quel point ?»


Charlotte Menegaux 15/05/2008 | Mise à jour : 19:18 | Commentaires 2
2008 - Procès Michel Fourniret - Page 2 20080511

VIDEO - Notre envoyée spéciale à Charleville-Mézières a recueilli les réactions au Palais de justice après cette première journée d'audience exceptionnelle. La contribution de la femme de Michel Fourniret reste l'enjeu principal.

http://www.lefigaro.fr/actualites/2008/05/15/01001-20080515ARTFIG00668-monique-olivier-complice-jusqu-a-quel-point-.php
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MessageSujet: Re: 2008 - Procès Michel Fourniret   2008 - Procès Michel Fourniret - Page 2 Icon_minitimeDim 18 Mai - 19:05

Les déroutes du «stratège» Fourniret


De notre envoyé spécial à Charleville-Mézières, Stéphane Durand-Souffland 15/05/2008 | Mise à jour : 22:38 |
2008 - Procès Michel Fourniret - Page 2 41544c10
Crédits photo : AFP

Complaisant dans son exercice d'introspection, l'accusé s'est décrit«dans un état second» lorsqu'il tuait ses victimes.

Michel Fourniret parle, et c'est le «braconnier», le «joueur d'échecs», le «stratège» qui s'exprime. Pour expliquer son état d'esprit au moment où il partait en quête de jeunes filles vierges, il convoque, brutal, l'«image du braconnier qui s'en va sans savoir s'il ramènera un faisan ou un garenne». Lorsque, soudain, il aperçoit au bord d'une route une silhouette conforme à ses souhaits, «c'est le joueur qui réémerge». Et lorsqu'il s'agit de décrire la participation de Monique Olivier, il siffle : «Je ne voyais pas l'intérêt de mettre les hommes de troupe au courant de la stratégie de l'état-major». La voilà donc, la grande armée de Fourniret-le-petit : un homme de troupe qui est une femme, un état-major réduit à un seul général autoproclamé.

Pour la première fois depuis le début de son procès, l'Ardennais consent à répondre aux interrogations des parties civiles. Qu'apprend-on ? Sur ses crimes, rien, ou presque. Au reste, il n'y a rien d'utile à apprendre sur le déroulement des sept massacres. Sur son tumulte psychologique, un peu plus. Évoquant le martyre d'Isabelle Laville, l'accusé se souvient d'une sorte d'«état second», qui le laissait «tout ébaubi». Il reconnaît qu'il se perd en lui-même.

Ainsi, au sujet du bâillon retrouvé sur les restes d'Isabelle, qu'il a étranglée : «Il s'agit d'une forme de respect, ou de crainte, qui ne s'explique pas, pour empêcher la personne d'adresser un reproche. Naturellement, c'est dantesque comme explication…» Cet adhésif aurait donc été apposé post mortem, tout comme celui qui recouvrait partiellement le visage de Jeanne-Marie. Il y avait un linge, aussi : «Moi-même, murmure-t-il, je ne sais pas pourquoi je l'ai placé.»

Monique Olivier omniprésente

En ce qui concerne le rôle de Monique Olivier, le pervers se montre ambigu. «Je suis prêt à en découdre avec elle, je n'ai rien à lui consentir», lâche-t-il. Il lui réserve assurément une place dans les «films» qu'il semble visionner intérieurement. Mais seulement des petits rôles : Monique Olivier, aux yeux de son mari, ne vaut guère plus qu'un hallebardier. Il la maintient dans le cadre, mais elle est «transparente». Monique Olivier apparaît en réalité comme l'image subliminale indispensable au «cinéma» scénarisé par son mari. Elle est omniprésente, fausse potiche, authentique auxiliaire du crime.

Selon lui, elle assiste, de bout en bout, volontairement, au calvaire d'Isabelle et de Fabienne. Elle est présente au moment du rapt. Du viol. De la mise à mort. Dans le box, Mme Olivier fait «non» de la tête, mais M. Fourniret a trop longtemps gardé le silence pour que ses paroles, aujourd'hui, ne portent pas plus que les grimaces éculées de sa femme. Il affirme que la fellation qu'elle lui avait prodiguée pour lui rendre sa vigueur, alors que la vision du corps d'Isabelle, assommée par un puissant sédatif dont s'était munie «la maîtresse de maison», l'avait désarçonné, était une initiative de son épouse ce qui accable celle-ci de manière définitive. Il soutient qu'elle ne s'est pas éloignée, comme elle le prétend, pendant qu'il violait Fabienne.

En revanche, avec un bon sens glaçant, il jure qu'il n'a pas exigé de Mme Olivier qu'elle vérifie la virginité de sa deuxième victime : «Cela aurait été ridicule, Fabienne Leroy m'avait dit qu'elle n'était plus vierge.» À nouveau, il exhorte son «homme de troupe» : «J'ai envie qu'elle respire un bon coup et se dise : “Bon Dieu, merde, j'ai envie de m'alléger, d'être franche, de dire quelque chose de vrai.”» Le tueur apparaît tel qu'en lui-même, vétilleux, méprisant, d'une sincérité décalée qui l'entraîne vers le cachot. «Comme tous les têtus, il n'avait aucun sens du ridicule», écrivait Zweig de son Joueur d'échecs.

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MessageSujet: Re: 2008 - Procès Michel Fourniret   2008 - Procès Michel Fourniret - Page 2 Icon_minitimeDim 18 Mai - 19:09

Fourniret se terre de nouveau dans le silence


De notre envoyé spécial à Charleville-Mézières 16/05/2008 | Mise à jour : 20:25 | Commentaires 4
2008 - Procès Michel Fourniret - Page 2 A5851910
Les bancs vides des parties civiles qui, ensemble, ont quitté l'audience face à l'indifférence glaciale de Michel Fourniret. Crédits photo : AFP

Écœurées, les parties civiles ont quitté la salle vendredi après-midi.

QUELLE surprise ! Michel ­Fourniret est un affreux personnage. Vendredi matin, il a décidé de ne plus répondre aux familles, alors que, la main sur le cœur et les yeux ruisselants, il l'avait spectaculairement promis à sa fille Anne. Résultat : les proches de Jeanne-Marie, Élisabeth, Natacha, Céline et Mananya, n'obtiendront pas les bribes de vérité qu'elles attendaient. Le pervers parachève son œuvre, tentant de creuser au sein même des parties civiles un douloureux fossé. Elles riposteront tout à l'heure avec panache, quittant l'audience, ensemble, indéfectiblement soudées.

Tout commence par une ­prestation impressionnante de Me Didier Seban, conseil des ­Desramault. Au lieu de tendre l'oreille, il monopolise la parole et s'adresse aux accusés en utilisant les pseudonymes qu'ils avaient choisis pour piéger Jeanne-Marie : Paul et Pierrette. « Vous m'arrêtez si je me trompe », leur dit-il en reconstituant le déroulement des faits sur la base des déclarations antérieures. À un moment, il titille un peu trop « Paul », qu'il insupporte depuis longtemps et qui explose : « Écoutez, Seban, ce n'est pas une loque émotive comme moi qui va se laisser impressionner par un petit avocat de merde ! » Me Seban ne bronche pas il en a entendu d'autres , et « Paul » livre quelques précisions : Monique Olivier n'aurait pas participé au crime lui-même, il n'aurait pratiqué aucun attouchement post-mortem. Un peu plus tard, nouvel éclat de « Paul » : « Y'en a marre, nom de Dieu, je suis peut-être une loque émotive, mais je n'ai pas l'habitude de tirer des wagons dans votre genre. » Me Seban laisse glisser ce navrant trait d'esprit.


Dépersonnaliser sa proie



Pas l'avocat général Nachbar, qui morigène le tueur en série au prétexte qu'il dit des gros mots. Autant gronder un Viking qui ne s'essuierait pas les pieds en rentrant dans son drakkar après avoir dévasté un village normand… Michel Fourniret, très calme : « Je vous garantis l'absence de tout écart de langage à l'avenir. C'est terminé. » Le micro, en effet, est coupé, et rien n'y fera, pas même l'éloquence rouée de Me Paul Lombard, qui fait pourtant forte impression sur l'Ardennais.

Ce dernier parvient à garder le contrôle d'un procès qui, après tout, est le sien. Avant de se taire, il a donc pris soin de blesser à nouveau les victimes, mais surtout d'assassiner judiciairement Monique Olivier. Il fait jaillir de sa mémoire deux phrases qu'il lui prête : sans l'accuser d'actes précis, il laisse de la sorte imaginer tout ce dont elle serait capable. C'est diabolique.

Première formule : « Lorsque Jeanne-Marie est montée à l'arrière du break 405, Monique m'a dit : “C'est facile à embarquer”. » Chacun apprécie la dépersonnalisation de la proie. Mme Olivier : « J'ai pas dit ça. » Sa défense est à la peine : Me Richard Delgenès, tel un consciencieux gardien de but bombardé de penalties, tente de tout stopper sans, bien sûr, y parvenir. Derrière lui, Me Jean-Paul Delgenès (son père) bougonne en mastiquant du chewing-gum, et Me Jacques Deslandes ne pipe mot.

Second missile. M. Fourniret évoque un viol qu'il n'a pas pu accomplir, sans se souvenir s'il s'agit de celui d'Élisabeth ou de Céline : « Ce fiasco m'a valu cette réflexion instinctive de Monique : “Tu ne devrais pas leur parler” ». Monique Olivier refuse ce rôle infect de conseiller technique : « J'ai jamais dit ça ! »

Le prétoire est écœuré par la volte-face de l'Ardennais. L'atmosphère, au sein du box, est délétère. Michel Fourniret apparaît tel qu'en lui-même. Il ne ricane pas, comme les pervers de cinéma sa sobriété glace les sangs. Il ne déverse aucun torrent de haine mais la suavité technique de ses propos blesse plus sûrement qu'un stylet bien aiguisé. Il est indifférent. Il va déjeuner.
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MessageSujet: Re: 2008 - Procès Michel Fourniret   2008 - Procès Michel Fourniret - Page 2 Icon_minitimeJeu 22 Mai - 11:10

«Monique Olivier est instrument et instrumentiste»


Stéphane Durand-Souffland 19/05/2008 | Mise à jour : 21:57 |

PROCÈS FOURNIRET - Pour les experts, les viols et les meurtres ont probablement contribué à l'équilibre de ce couple très particulier

Michel Dubec se retrouve dans une position des plus inconfortables : dernier des experts psychiatres cités à la barre, il se présente à 19h, dans un prétoire éreinté par vingt-huit journées d'audience. De surcroît, il lui revient la partie la plus difficile : expliquer la personnalité insaisissable de Monique Olivier et la dynamique du couple qu'elle forma, pendant seize ans, avec Michel Olivier.

Charitable, le Dr Dubec fait donc son possible pour raccourcir le plus possible son propos, et cela nuit à la fluidité de son développement.

Reste l'intelligence acérée de ce praticien, l'un des plus réputés -à juste titre-, en France. Pour lui, Mme Olivier apparaît le plus souvent molle, jusqu'à sembler nunuche -les assises des Ardennes en ont fait la pénible expérience. Or, «des éclairs de perspicacité dénotent complètement» avec ce faux-semblant. Selon l'expert, elle recherche des compagnons à poigne, des «paranoïaques forts». Certes, il a diagnostiqué une «anhédonie» mais dans le cas précis de Monique Olivier, cette absence (apparente) de désirs et de plaisir fonde l'équilibre alors que chez un patient «normal», elle cause une sévère dépression...

Le Dr Dubec poursuit : comme l'accusée reste constamment dans la dérobade, il lui a fallu travailler «avec ce qu'elle ne présente pas». En quelque sorte, réfléchir à partir de rien. Exercice d'autant plus difficile qu'elle «se moule à vous, ne vous contrarie jamais. S'il n'y avait pas eu ses crimes, on pourrait dire qu'elle est banale». Au fil des débats, Monique Olivier est, en effet, apparue comme une manière de fluide agissant, remplissant volontairement le réservoir à fantasmes de Michel Fourniret mais se dilatant d'aise dans le même mouvement et donc, modifiant le contenant sans que ni l'un ni l'autre n'en prennent réellement conscience.

Les viols et les meurtres ont probablement contribué à l'équilibre de ce couple très particulier, lui s'acharnant sur des victimes qui lui offraient la résistance absente du comportement filandreux de sa femme qui opère vis-à-vis de lui par «abus de faiblesse». Sur ce sujet, Michel Dubec écarte le «délire à deux», observé par exemple avec les sœurs Papin, mais rappelle que de les complicités criminelles entraînent des modes opératoires différents -plus théâtralisés, pourrait-on dire.

Et de citer le cas de Thierry Paulin et Jean-Thierry Mathurin, couple homosexuel qui avait assassiné plusieurs personnes âgées dans les années 80 : «Dans la première vague, relève le psychiatre, ils tuent à deux. Il y a des actes de torture et de barbarie. Puis, Paulin agit seul : ce sont des meurtres rapides, purement crapuleux».

Il poursuit son raisonnement : «Pour le complice, il s'agit d'une fausse obéissance. On n'obéit jamais aussi bien qu'on en a un peu envie.

L'autorité devient un sauf-conduit.» A cet instant, l'orateur emprunte aux biologistes une expression : «la co-aptation». Elle s'applique à des cellules qui, se rapprochant et s'imbriquant, fabriquent de la sorte un nouveau tissu. Ici, le Dr Dubec parle de «co-aptation des intentions : Michel Fourniret et Monique Olivier, sans s'en rendre compte, forment un nouveau sujet, le couple agissant». Le jeu dominant-dominé serait ainsi beaucoup plus subtil qu'il ne pouvait y paraître : «Pour Aristote, le maître est l'esclave de l'esclave tant il a besoin de ce dernier, ajoute-t-il. Monique Olivier est instrument et instrumentiste». En conclusion, le psychiatre montre comment deux personnalités «concordantes» se sont trouvées, pas par hasard- «on ne répond pas par hasard à une petite annonce», glisse-t-il en allusion à Mme Olivier, lectrice du Pèlerin et bientôt correspondante d'un détenu en attente de jugement pour des affaires de mœurs. Ensemble, à distance, ils établissent non pas un pacte, mais «un marché criminel».

Donnant-donnant, violant-tuant. Une parenthèse au passage sur l'Ardennais, magnifiquement dépeint, tout à l'heure, par le Dr Daniel Zagury, cet être qui «pétrifie les êtres et les mots, les fige» et avec lequel «il n'y a pas de dialogue possible». L'expert n'exclut pas que son épouse ait ressenti de la crainte à son égard, et que sa dénonciation tardive ait eu, notamment, pour but de ne pas devenir une victime de plus.

Quoi qu'il en soit, Monique Olivier n'est ni sotte, ni folle. D'un point de vue psychiatrique, elle est réadaptable mais elle n'a ni besoin, ni envie, d'une thérapie classique. «Elle est réadaptable si c'est dans son intérêt», estime le Dr Dubec. Il est 20h40, et les assises n'ont pas de quoi se quitter rassurées.
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MessageSujet: Re: 2008 - Procès Michel Fourniret   2008 - Procès Michel Fourniret - Page 2 Icon_minitimeJeu 22 Mai - 11:14

Fourniret, «tueur en série français le plus achevé»


De notre envoyé spécial à Charleville-Mézières Stéphane Durand-Souffland 19/05/2008 | Mise à jour : 21:28 | Commentaires 3
2008 - Procès Michel Fourniret - Page 2 6e8a2d10
Daniel Zagury à son arrivée au tribunal, lundi (à droite, le docteur Dubec). Durant l'audience, l'expert a brossé le portrait d'un homme «entièrement responsable», à la «dangerosité extrême». Crédits photo : AFP

Le psychiatre Daniel Zagury a décrypté lundi le fonctionnement d'un accusé qui «jouit de terroriser, de dominer».

Avec les docteurs Dubec et Zagury, l'expertise psychiatrique atteint des niveaux stratosphériques. Sans vouloir faire injure aux praticiens qui ont examiné le couple Fourniret-Olivier et déposé précédemment aux assises des Ardennes, c'est un peu comme si on passait sans transition de la Méthode rose à la Salle Pleyel.

Daniel Zagury est le premier à se présenter à la barre. Son sujet, c'est Fourniret. Le médecin manie parfois des concepts compliqués, mais peut-on exiger qu'un spécialiste de cette trempe décrive en trois phrases simples comment «des fleuves souterrains ont fini par former, à l'air libre, une rivière» dont les flots ont emporté sept malheureuses ?

Pour commencer, le Dr Zagury a le mérite de jeter l'accusé au bas du piédestal douteux, inconsciemment édifié sur l'horreur des crimes. Il décrit un méchant petit bonhomme prisonnier d'un fantasme absurde et malfaisant, étranger à tout remords, dont «les mots comme la musique sont insupportables». Un manipulateur intelligent, mais tellement satisfait de sa personne qu'il utilise, sans s'en rendre compte, «de grosses ficelles». Le psychiatre épingle sa suffisance, son vocabulaire pompeux, ses digressions mégalomaniaques qui tranchent avec les «propos millimétrés» mitraillés à intervalles réguliers par la «machine de guerre» qu'il est devenu.

«Je me positionne en technicien habitué au bureau des méthodes», déclare-t-il un jour à l'expert. On sent, derrière l'ironie de ce dernier, comme un mécanisme de protection pour dissimuler le dégoût que lui a inspiré l'intéressé, notamment quand il lui parlait des jeunes filles martyrisées sur le ton, obscène en l'occurrence, de l'«adoration».

«Coup de foudre criminel»

Et puis il en vient au noyau dur. Pour M. Fourniret, «il n'y a pas de demi-mesure. On est soit dominant, soit dominé, maître ou esclave». Évidemment, il a choisi le camp des «forts». Cet être déglingué au raisonnement simpliste «commet ses crimes puis les légitime au nom du bien, persuadé d'agir selon les desseins de la Nature». Dès l'âge de 12 ans, et une prétendue vision de l'Immaculée Conception, l'Ardennais développe ainsi une obsession quasi-délirante de la pureté. Il établit un rapprochement insupportable entre ses anciennes femmes et ses victimes, chez qui il croit retrouver la tenue, l'allure altière qui l'avaient séduit jadis.

Mais Michel Fourniret se retrouve dans une impasse psychique : cherchant, explique le Dr Zagury, à «mettre en scène, dans une cérémonie mystique, la transformation du pur en impur, il court derrière son fantasme. La victime est convoquée, sort du monde des vivants et devient son objet. Ce qui est adoré dans la mise en scène est détruit dans la mise en actes. Le tueur jouit de terroriser, de dominer pas, selon moi, de prolonger l'agonie. C'est la toute-puissance du démiurge qu'il recherche, le plaisir d'être indifférent à la souffrance de l'autre. Il tue comme on se débarrasse d'un objet devenu encombrant. À ses yeux, on entre vierge dans son fantasme, on en ressort dépravé.»

Pervers au dernier degré, Michel Fourniret a tenté d'apaiser son tumulte intérieur, ses «angoisses incestueuses» et existentielles, en massacrant des êtres humains au nom d'un «mythe à usage privé». Il se venge de n'importe quoi sur n'importe qui, c'est-à-dire sur des jeunes filles innocentes aperçues au hasard d'une errance et dès lors condamnées par ce «coup de foudre criminel» unilatéral. Quête insatiable car à reprendre sitôt assouvie.

En soixante-quinze minutes, le Dr Zagury brosse le portrait effrayant d'un homme «entièrement responsable», à la «dangerosité extrême», pour qui la thérapie relève de la «spéculation théorique». Du «tueur en série français le plus achevé», qui ne mérite aucun piédestal, mais un cachot.
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